Canalblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
BLOGART(LA COMTESSE)
Derniers commentaires
Pages
angleterre
27 décembre 2008

Curiosité,Sir Alfred en jeune homme

      Un des tout premiers parlants d'Alfred Hitchcock,bavard même,adapté de la pièce de Sean O'Casey Junon et le Paon,date de 1929.Hitch a dit à plusieurs reprises qu'il ne s'était pas impliqué dans ce film et effectivement ce film ne relève pas du cinéma,mais du théâtre engagé des auteurs irlandais de ces années vingt, statique,absolument pas mis en perspective d'image mouvante.Ce qui ne veut pas dire que la pièce est médiocre.Mais Hitch s'est contenté de filmer platement la troupe qui l'avait joué à Dublin.Le résultat en est une pièce évidemment contemporaine de ces luttes de la République d'Irlande,qui n'a pas peur de présenter les autochtones comme des sacs à bière ou des fainéants.La verte Erin n'a pas connu que des héros au coeur pur.Junon et le Paon flirte un peu avec le mélo et le brûlot politique.Cela semble un peu exotique mais j'aime tant l'Irlande que je ne suis pas mécontent d'avoir vu ce vieux film qui ne doit pas grand-chose à Hitchcock.

Portrait Sean O'Casey

    L'autre pièce célèbre de Sean O'Casey,La charrue et les étoiles,devint en 36 sous la direction de John Ford Révolte à Dublin.A noter que O'Casey était protestant et qu'il quitta assez vite son île pour l'Angleterre.Tout ceci nous éloigne pas mal de Sir Alfred mais en 29 également il avait tourné Chantage,autrement intéressant.C'est notre prochain spectacle.

Publicité
29 juillet 2008

Deux livres de Norman Lewis

    Norman Lewis,je ne le connaissais pas.J'ai par contre beaucoup lu Graham Greene.Et les deux hommes se sont croisés à plusieurs reprises,hantant les mêmes lieux.Si grand est le talent de Greene,largement popularisé par le cinéma,très intéressante est la musique de Norman Lewis,catalogué comme écrivain voyageur,ce qui m'énerve un peu car tout écrivain voyage,tout lecteur également d'ailleurs.Ce qui est génial quand on découvre un auteur tardivement c'est que l 'on a d'un seul coup une flopée de romans,ou récits,à se mettre sous la dent.Ceci pour les gens qui lisent avec les dents,souvent des gens très incisifs qui ne mâchent pas leurs mots.Lewis le Gallois est mort très âgé il y a quelques années et semble avoir réussi à s'effacer toute sa vie de toute médiatisation.Cette discrétion de bon aloi lui vaut peut-être un relatif anonymat que je vais modestement tenter de réduire un tout petit peu mais les amis de Parfum de livres s'y sont déjà sérieusement attelés.

   Comme à la guerre est mon premier choix,au pif,sorti une première fois en 66 sous le titre traduit littéralement Une petite guerre sur commande.Court et sans divagations,strié d'un humour sarcastique,de ce type d'humour qu'on rencontre effectivement dans de bons romans sur l'espionnage ou la Guerre Froide.Cette drôlerie n'épargne aucun des deux camps puisque l'action se déroule au moment du débarquement de la Baie des Cochons à Cuba.Charles Fane,anglais sympathisant de Moscou et surtout de La Havane,se retrouve manipulé par la C.I.A et envoyé en reconnaissance sur les plages cubaines avant le grand jour.Il ne trouve rien de mieux que tomber amoureux,ce qui n'est pas une bonne idée.Rapidement on a compris qu'on ne comprendrait pas,jamais,qui utilise qui et qui sortira vainqueur de ces histoires de dupes.On comprend que Fane ne comprend plus.Mais surtout en moins de 200 pages Norman Lewis trousse une aventure passionnante où les pauvres humains sont vite réduits à l'état de fantoches.Tout ça pour la Cause.Laquelle?Ca je ne sais pas très bien.Mais après tout chacun sa cause et la Baie des Cochons  sera bien gardée.

   Mais c'est ainsi que sur une plage qui aurait pu être de rêve le théâtre s'est révélé sanglant et que l'imbroglio politique et économique a continué de perdurer.Cela ne s'est probablement pas tout à fait passé comme le raconte finement Norman Lewis.Mais imprimons la fiction,elle est plus vraie que nature.

Photo de LEWIS Norman

Norman Lewis(1908-2003)

 

                      Le deuxième livre s'appelle L'île aux chimères et son action se déroule dans une petite île de l'archipel des Canaries après la guerre,île qui jouit d'une certaine autonomie, ce qui permet aux notables de ne pas trop se soucier du gouverneur jacobin en poste à Vedra.Ainsi le chef de la police,le représentant de l'Eglise,celui des propriétaires et les autres vivent leurs petits trafics,leurs alcôves et leurs petits secrets sans que tout cela ne tire vraiment à conséquence.Société un tantinet médiévale mais où les yeux et les oreilles savent se fermer Vedra vogue ainsi sur l'Atlantique et espère continuer.

   Mais le temps à tous se plaît à faire un affront et la petite île,non pas paradisiaque, mais où "l'on s'arrange" va finir par basculer dans une certaine modernité qui prendra l'habit d'une compagnie de pêche de la métropole espagnole,mettant ainsi en péril le subtil équilibre de Vedra,jusque là épargné.Peut-être,mais ce n'est que mon avis,est-il possible de rapprocher cette délicieuse chronique,souvent hilarante d'autres écrivains "de la bougeotte" comme Redmond O'Hanlon l'auteur du Voyage à Bornéo.Humour et causticité garantie comme le Graham Greene de Notre agent à La Havane.Le cinéma anglais (surtout les studios Ealing dans les années cinquante) est aussi une parfaite émanation de ce climat où la perfide Albion essaie toujours de tirer son épingle du jeu,Passeport pour Pimlico,L'homme au complet blanc,La souris qui rugissait.

   Bien que gallois  Lewis est doté d'une solide drôlerie,de  celle des PG.Woodhouse ou plus tard Tom Blott.On sait depuis longtemps que Gallois,Ecossais,Irlandais et même Anglais ne sont d'accord sur rien,sauf quand il s'agit d'être drôles mais très sérieusement, attention.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

30 mai 2008

L'homme court mais ne marche pas.

    Bien avant la canonisation de Ken Loach,l'homme que l'on ne peut même discuter tant le politiquement correct interdit le moindre recul sur ses films,existait en Angleterre le cinéma des Angry Young Men.Ceci pour rappeler que le cinéma anglais a une histoire et qu'au début des sixties quelques films ont marqué ce renouveau.A la base de ce mouvement l'écrivain Alan Sillitoe et quelques autres,relayés par les cinéastes Tony Richardson,Karel Reisz,Lindsay Anderson. Comme la plupart des courants peu de films s'inscrivent véritablement dans ce cinéma du constat social âpre et sans concession de l'Angleterre qui n'avait pas encore enclenché la révolution pop avec les Beatles et le Swinging London.Les rares films des Jeunes Hommes en Colère s'inscrivent donc dans cette sorte de no identity's land entre l'Angleterre de Graham Greene et David Lean,par exemple et la déferlante Liverpool.

  Sillitoe,né en 28 d'une famille ouvrière,a écrit Samedi soir,dimanche matin et La solitude du coureur de fond,un roman et une nouvelle dont les titres à eux seuls me paraissent très explicites.Soit la noirceur d'une routine sans âme et le sentiment d'isolement extrême dans la parabole du sportif dont la société cherche à récupérer l'effort et la personnalité,avec les meilleurs sentiments du monde souvent. Karel Reisz réalise Samedi soir,dimanche matin en 60 et Tony Richardson La solitude du coureur de fond en 62.Loin de n'être que le cinéma grisaille parfois moqué ce mouvement fait au contraire preuve de vitalité au delà des apparences car ses antihéros ne manquent pas forcément d'envergure.C'est le cas de Colin,interprété par le grand et si méconnu Tom Courtenay.Dans sa maison de correction l'on croit un moment à une sorte de rédemption par le gôut du sport,air connu mais pas toujours efficace.Le visage relativement anodin de Courtenay,joues minces et laconisme,est de ceux, qu'on n'oublie pas et je ne  crains pas de le comparer, dans le genre inadapté,à Peter Lorre ou Jean-Pierre Léaud.Comme dans bien des films début 60 la musique est excellente et ne souligne pas lourdement comme ce sera le cas si souvent plus tard,l'action du film.

    Je suis un peu moins enthousiaste sur le montage qui alterne passé et présent,vie de famille et pension.Pourtant la peinture de l'Angleterre industrielle,tangente,est très réussie.Et comme j'aime cet art de la discrétion,de la suggestion où une chambre d'hôtel suffit à nous faire comprendre le charnel d'une rencontre qui ne manque pas d'émotion.Ce film,passionnant,n'a pas besoin du très encombrant parrainage de mai 68,dans toute sa somptueuse démagogie(Ciné Classics).Il se défend très bien tout seul.C'est toute la philosophie de Colin qui court à perdre haleine parce qu'il aime ça,mais ne marche pas dans le système.

25 janvier 2008

Un si joli village

      Sobre,fauché,épuré,sec et gris Le village des damnés reste un bijou de science-fiction.Six ou septième vision.Et toujours cette sourde inquiétude me prend.Cette campagne anglaise calme et un peu ennuyeuse. La léthargie qui fauche quelques heures de la vie de paisibles citoyens.Et neuf mois plus tard ces enfants...L'ami Fantasio vous dira ce qu'il faut penser du roman que je n'ai jamais lu.Il existe une tradition du film de science-fiction à l'anglaise,moins connue que celle du film dit d'horreur de la Hammer,chère à Terence Fisher et à Dracula.Le cinéma anglais est en verve en cette année 1960.Le voyeur de Powell,obsessionnel et obsédant.Les Jeunes gens en colère,Karel Reisz,Tony Richardson signent respectivement Samedi,soir,dimanche matin et Le cabotin.Losey bien qu'américain est toujours en Angleterre(Les criminels).Comme toute S.F. des années concernées la Guerre Froide plane sur Le villlage des damnés.Qui sont ces enfants aux yeux d'or et au calme inquiétant de surdoué.

     Wolf Rilla,d'origine allemande,réalise un modèle du genre,un film qui n'infantilise pas le spectateur,où un regard,ou quelques pas dans la rue suffisent à nous figer.Le style n'est pas très loin du documentaire et c'est avec peu de moyens mais une force de suggestion rare qu'on se prend à craindre pour l'avenir.Très beau personnage du professeur martyre sous les traits de l'aristocratique et distant George Sanders,ce qui donne encore plus de force au récit.Très fort symbole aussi de la paternité tardive du professeur, mais à quel prix?Quant à réconcilier Fantasio et Oggy sur le remake de Carpenter il vous faudra attendre la semaine prochaine.Encore un mot:je donnerai une conférence sur Children of the damned d'Iron Maiden,prochainement au Collège de France,étant comme chacun sait l'un des meilleurs spécialistes français du hard rock gothique.

20 octobre 2007

Adieu Madame

      Quelques photos d'une actrice rare qui a marqué ma vie de cinéphile,Deborah Kerr(1921-2007).

Elle et lui

Thé et sympathie

Le roi et moi

Tant qu'il y aura des hommes

Le narcisse noir

Publicité
28 juillet 2007

Le premier homme à en savoir trop

   En 1934 la première version de L'homme qui en savait trop sera un triomphe pour Alfred Hitchcock et attirera l'attention de Hollywood.Je n'aurai pas l'outrecuidance d'apporter un éclairage neuf sur un cinéaste que François Truffaut a si bien analysé et il n'est pas le seul.Ce film à suspense a aussi des atouts de comédie,notamment une jolie bagarre de chaises dans une église,très potache malgré le caractère dramatique d'un scénario à base d'enlèvement d'enfant.Ceux qui ne connaissent que le remarquable film de 56 avec James Stewart et Doris Day seront étonnés puisqu'à Marrakech s'est substituée une station de sports d'hiver suisse.Moins exotique certes mais en 34 la Suisse n'était pas si proche et Hitch raconte qu'il avait passé là-bas son voyage de noces.Sinon les deux films ne sont pas si différents:plus d'humour british en 34,plus d'introspection américano-freudienne en 56.

   Le morceau de bravoure est conservé,ce fameux coup de cymbale au Royal Albert Hall,qui doit couvrir le bruit du meurtre d'un diplomate.Rappelons qu'en 56 c'est Bernard Herrmann en personne qui dirigeait l'orchestre.Au rayon des interprètes on a oublié Leslie Banks(Les chasses du Comte Zaroff) pourtant excellent,moins "héroïque" que Jimmy Stewart.L'espion français très vite assassiné est joué par un Pierre Fresnay dont le célèbre débit s'amalgame assez bien lors de ses rares répliques en anglais(Daniel Gélin pour la version marocaine).Mais bien sûr et comme le dit l'ami Oogy c'est Peter Lorre que l'on garde en tête pour son premier rôle en anglais.Mais je reviendrai sur Peter Lorre,cet acteur hors du commun que le cinéma américain a condamné à des rôles de comparses dont certains furent inoubliables chez Huston ou Curtiz par exemple.

Extrait:Pierre Fresnay dans le texte   http://www.youtube.com/watch?v=SebVC6ly9pU

   

7 juillet 2007

Les miettes du Ministère ou Londres,nid d'espions

   Paramount Pictures

      J'ai déjà évoqué Graham Greene au cinéma dans La mine Greene .J'ai lu il y a si longtemps Le Ministère de la peur que je ne peux trop y rattacher le très beau Espions sur la Tamise,titre français peu malin du film de Fritz Lang. Certains historiens établissent une trilogie antinazie chez Fritz Lang,dont The Ministry of fear serait le dernier élément après Chasse à l'homme et Les bourreaux meurent aussi. Quoiqu'il en soit et là encore j'insiste sur l'immense cohérence du cinéaste,on retrouve dans ce film les obsessions du complot, des société secrètes et de la manipulation.

     Ray Milland,libéré d'un séjour en psychiatrie(thème déjà langien),se trouve dès sa sortie happé par un engrenage autour d'un gâteau gagné dans une kermesse de bienfaisance dans le Londres de 1943,où sévissent probablement des taupes hitlériennes.Le temps,très présent dans les films de Lang,est dès le générique utilisé comme un personnage,avec les poids d'horloge et l'opposition cercle et verticales.Le héros,fragile,va connaître des péripéties et rencontrer un faux aveugle,le ballon d'un enfant(M...),des amis(?) qui s'appellent Hilfe(qui veut dire à l'aide en allemand),une voyante qui ne parle que du passé,participer à une séance de spiritisme suivie d'un pseudo-meurtre(Le diabolique Docteur Mabuse),cotoyer un vieux libraire cultivé et un médecin éminent qui s'avèreront tous deux être de dangereux fanatiques.

     Chez Lang la vérité est invraisemblable(Beyond a reasonable doubt) et les hommes sont rarement ce qu'ils prétendent être.C'est depuis toujours le cinéma du doute et de l'interrogation.Depuis Les Araignées ou Les espions(années vingt).On appellerait cela interactif car le spectateur manipulable doit se méfier de tout chez ce diable d'homme.Il fallait sûrement se méfier de l'impérial Mr.Lang.Il restera chez lui comme un secret...

5 mai 2007

Précieuse trilogie à l'anglaise

  •        Le soin apporté par James Ivory et son complice de toujours le producteur Ismaïl Merchant a permis la naissance d'une très belle trilogie qui a donné à la France  la chance de découvrir l'auteur anglais Edward Morgan Forster(1879-1970).Rarement tryptique d'adaptations aura fait preuve d'autant de cohérence et de finesse.Transposer le monde à la fois précieux et souterrain de Forster n'était pas à la portée du premier tacheron venu.E.M.Forster issu d'une famille patricienne était un esthète proche du groupe de Bloomsbury au début du siècle.Son oeuvre romanesque tente une correspondance entre les classes sociales de l'Angleterre edwardienne.Cette connection passe entre autres par le premier roman ouvertement homosexuel, Maurice,qui ne parut qu'après sa mort.Mais les rigidités demeurent outre-Manche et ailleurs et l'oeuvre romanesque de Forster commence seulement à convaincre de son intérêt.A noter que David Lean, malade,adapta lui aussi Forster pour son dernier film La route des Indes,qui ajoute aux thèmes centraux des barrières sociales à briser et des amours interdites une réflexion voisine sur la colonisation.Attention il ne faut pas prendre Forster pour un révolutionnaire.Il garde ses distances,cela ne l'intéresse pas vraiment.Il sait seulement que le monde change, doucement, lentement.                                                                                                            

            

    En 1986 Chambre avec vue,outre une belle ballade dans ma chère Florence au temps béni du tourisme aristocratique(enfin béni pour certains),nous emporte dans une délicieuse histoire d'amour soigneusement corsetée de chaperon et de pasteur.C'est la version light des conventions d'époque et la belle Helena Bonham-Carter,en pamoison toscane n'épousera pas le sinistre Daniel Day-Lewis.Comme ces acteurs étaient jeunes!A mille lieues du cinéma agité ce film adapté du roman Avec vue sur l'Arno obtiendra un succès inattendu.Ne nous y trompons pas.Derrière les baignades polissonnes et les pique-niques verdoyants la jeune Lucy prendra subtilement conscience d'un univers peut-être en voie d'extinction,d'extinction lente certes.

    Maurice(87) avec James Wilby et un tout nouveau,Hugh Grant,est un film plus grave et aborde le carcan social sur un versant plus noir que Forster connaissait bien.Si l'on aime les raccourcis on pourrait dire que Maurice est un hybride de L'amant de Lady Chatterley et de The servant.Du roman de D.H.Lawrence le thème de la mésalliance avec le garde-chasse pour ce jeune bourgeois.Du film de Losey d'après Pinter l'attirance et l'influence grandissante du serviteur et les rapports maître-serviteurs qui tournent à la relation inversée esclaves-maîtres.

     J'ai une préférence pour Retour à Howards End(92) où l'on voit que les auteurs ont tout compris de l'univers de Forster.L'interprétation Hopkins-Thompson y est pour beaucoup car ces acteurs là sont à l'évidence les personnages de cette croisée des chemins avec la prise de conscience sociale encore timide et féministe(le personnage de la soeur cadette,Helena Bonham-Carter).Il fallait pour ce film un écrin et c'est la maison Howards End car c'est cela Retour à Howards End,un film-maison comme il y a des films-fleuves.Le lieu est très important chez Forster comme chez Ivory.Déjà dans Chambre avec vue et Maurice les demeures patriciennes étaient des personnages à part entière.Ici Howards End est une sorte de maison jonction des deux siècles et des classes se rapprochant dans la douleur.On y accède en voiture,on n'est pas loin de Londres,on s'y ressource.Le capitalisme y est parfois brutal.Comme ce monde a mal,comme ce pays est douloureux,sous le feutre et le chrome.

E. M. Forster

     Beaucoup de suppléments dans ce coffret,surtout les propos de Ivory et Merchant.Le travail sur les costumes et les décors aussi.Et une anecdote croustillante dans la bouche de James Ivory,que je rapporte en ces temps de démagogie bilatérale qui n'épargne pas la blogosphère:la grande Vanessa Redgrave, héritière d'une célèbre famille de grands comédiens et icône gauchisante,exigeant pour son rôle,court,le double du cachet avant d'en savoir le montant.Vous ai-je dit bilatérale?

4 mars 2007

Fiche le camp Jack

     Oh et puis non reste avec nous.C'est qu'on s'est habitué à toi,nous,depuis plus d'un siècle que tu nous distrais de tes sympathiques assassinats de prostituées dans ces délicieuses rues de Whitechapel.Nous aimons,nous,ces infâmes tenanciers de bordels,ces danseuse de cancans qui n'attendent que l'égorgement fatal dans ces brouillards  cinématographiques,non loin de bobbies incapables et de cochers de fiacres louchant d'un oeil torve sur les rares clientes pressées.Ah!Qui dira la poésie de ces nuits londoniennes où brille sous la lune la lame argentée d'un couteau bien acéré qui s'apprête à rendre justice à sa manière. 

    Selon les versions,my friend Jack,tu as été habile politicien,chirurgien renommé,surintendant de Scotland Yard,prince proche de la Couronne.Qui que tu sois Jack,on t'aime,nous les cinéphiles,de noir et blanc souvent vêtus comme les décors que tu hantes d'une chorégraphie de chair et d'os,cape et poignard,redingote frôlant les pavés luisants sous les pâles réverbères.Reste encore un peu Jack.

    La série B des producteurs Monty Berman et Robert S.Baker n'a aucune star à l'affiche,mais beaucoup de charme.Amis bloggers si le coeur vous en dit Jack vous donne rendez-vous par ailleurs.N'hésitez pas à vous rendre à ses invitations qui valent bien celles de ses descendances,Hannibal,Jason,Freddy et consorts.

From HellTime After Time Meurtre par décretA Study In Terror 

   The Lodger - A Story Of The London FogVols  Paris-Londres(aller simple)

Les guides sont respectivement Allen et Albert Hughes,Nicholas Meyer,Bob Clark,James Hill et Alfred Hitchcock.

17 février 2007

Les filles du Moulin

                        Stephen Frears,Monsieur le Président du 60° Festival de Cannes est décidément très éclectique.Il nous offre avec Madame Henderson présente un curieux film,croisé de comédie musicale et de critique sociale,assez réjouissant.Madame Henderson,riche veuve de la gentry,décide de racheter le Windmilll,théâtre londonien peu avant la guerre.Avec l'aide du maître de ballet Vivian Van Damm elle se paie le culot de dénuder ses danseuses "à la manière parisienne". Shocking certes mais finalement très au goût du public et même des élites le Windmill battra de ses ailes y compris au plus fort du blitz sur Londres,réconfortant notamment les soldats entre deux missions.

Parfaitement porté par deux acteurs magiques qui rivalisent de querelles (Judi Dench et Bob Hoskins) le film est un joyeux pied de nez aux empêcheurs de danser en rond (Hitler par exemple).Frears aime les gens du spectacle et prouve une fois encore qu'entre les prolos de Dublin et les immigrés pakistanais nulle exclusive ne borne son cinéma.

13 octobre 2006

L'Oscar du cinéma

Comment le cinéma pouvait-il traiter du procès d'Oscar Wilde en 1960?L'acteur réalisateur russo-américain Gregory Ratoff ouvre le film par un plan sur la tombe du père de Dorian Gray,sise au Père Lachaise et presque aussi fréquentée que celle de Jim Morrison.Mais en 1960 difficile d'entrer dans les détails de la vie privée d'Oscar.Cette production restera donc un film sage peu vu et surtout peu apprécié de la critique. J'ai un avis un peu différent. Certes nous naviguons en plein académisme et la satire de l'Angleterre victorienne est bien pâle.Certes le film est en fait un film-prétoire(genre en soi pas inintéressant mais terriblement théâtral).Vous me direz que le théâtre a été la vie d'Oscar Wilde,alors pourquoi pas.Cela manque singulièrement d'entrain mais de bons acteurs anglais très classiques,Robert Morley qui ne donne pas une image très glamour de l'écrivain,Ralph Richardson, font passer un bon moment comme une visite patrimoniale en la perfide Albion qui comprit si mal cet Irlandais.Une pièce de plus dans l'immémorial contentieux Londres-Dublin.

    Evidemment la vie d'Oscar Wilde est réduite à quelques souvenirs de jeunes valets pudiquement évoqués par l'accusation.Il faut bien remettre les choses en perspective et dans le contexte d'une époque.Et ceci est valable pour chaque film et il me semble que bien des critiques l'ignorent.Pourtant toujours bienséant Oscar Wilde fut interdit aux moins de 16ans.Que reste-t-il de ce film qui n'a rien d'un brûlot?Une curiosité qui inciterait à comparer avec Le procès d'Oscar Wilde(Ken Hughes,1960 également) ou le récent Oscar Wilde de Brian Gilbert avec Stephen Fry,acteur auteur qui lorgne manifestement vers la personnalité de l'original.

   De tout cela je conclurai que pour s'imprégner d'Oscar le mieux est encore de voir le merveilleux film d'Albert Lewin,Le portrait de Dorian Gray que j'ai chroniqué déjà.Et surout de relire La ballade de la geôle de Reading, ou son théâtre(Il importe d'être constant,L'éventail de Lady Wintermere) ou encore ses contes(Le fantôme de Canterville).La France a plutôt bien reçu Oscar Wilde,toujours irlandophile et aussi pour contrarier l'ennemi héréditaire d'outre-Manche

12 octobre 2006

David Lean ou les ambiguités


Il en est des films comme des hommes,clairs comme l'eau de la roche,sombres et souterrains,ou illisibles et fascinants.David Lean,parfois stupidement dépeint comme un cinéaste d'inspiration coloniale nous a donné il y a bien longtemps(57) une oeuvre qu'il faut toujours redécouvrir.Le pont de la rivière Kwaï est un des très rares films de guerre dont on ne peut à coup sûr dire s'il relève de la propagande ou s'il est un modèle d'antimilitarisme.Je  crois que cela dépend du spectateur et de ses états d'âme.L'immense succès populaire du film et de sa célèbre marche ne l'empêche nullement de prétendre au titre de film d'auteur(pour autant que ce terme galvaudé signifie quelque chose).


"Folie" est le dernier mot prononcé dans le film et c'est bien de folie qu'il s'agit dans l'escalade d'egos des officiers anglais et japonais Nicholson et Saïto.La démesure et la logique d'aveuglement des deux colonels annonce celle d'un autre colonel,Kurtz,(Apocalypse now),de Coppola mais adapté de Joseph Conrad,autre chantre de cette mégalomanie(Lord Jim,la folie Almayer).


Quoiqu'il en soit ce mélange explosif de va-t-en guerre et de pacifisme nous interpelle de manière fort intelligente et spectaculaire sur les contradictions de l'homme en guerre.Je ne trancherai pas ce soir mais me contenterai de rappeler que Lawrence d'Arabie est lui aussi un personnage riche d'une belle ambiguïté que David Lean n'éclaircira jamais totalement et c'est tant mieux.

1 octobre 2006

Quelque chose en nous de Dorian Gray

Le portrait de Dorian GrayEt de maléfique aussi,quelque part au fond de nous.Adaptation magistrale du dandy Albert Lewin d'après le livre du dandy Oscar Wilde,avec le  dandy George Sanders dans le rôle du mentor du dandy Hurd Hadfield qui joue le dandy Dorian Gray.Ahurissant de constater que le film comme le héros ne vieillit pas.Il agit toujours sur le spectateur que je suis et chaque vision semble ajouter quelques outrages au temps(sur moi).Car le film,lui,est inaltérable.

Une photographie magnifique aère cette oeuvre hors du temps.Les tavernes du port de Londres où Dorian n'arrive même pas à trouver la mort,les sarcasmes et le cynisme de George Sanders,les brumes où l'on craint de rencontrer Jack l'Eventreur ou le Dr.Hyde,toute cette ambiance victorienne est parfaitement évoquée par Albert Lewin.

Faust lui aussi voulait garder sa jeunesse.Dorian,lui,ira jusqu'au meurtre car son Méphisto,à lui,c'est sa seule conscience,élastique et qui fera de lui un jouisseur,esthète pervers et décadent,oiseau de malheur pour ses amis et ses amours.Pourtant Dorian est une victime,la première,de son hideux pacte qui le dépasse.Trop tard pour faire le bien...

On a tous quelque chose en nous de Dorian Gray,cette volonté de vivre pleinement,cette envie d'échapper aux conventions,cette infinie soif et surtout cette crainte terrible que sur l'écran ne s'affiche le mot "fin" .Dorian Gray a essayé.Son alter ego,père littéraire,Oscar Wilde a essayé.Vivre autrement ne lui a pas réussi...

1 octobre 2006

Vu sous cet angle

Michael Powell est un très grand cinéaste que je connais peu.J'ai bien l'intention de changer ça. De Powell je n'avais vu que Les chaussons rouges, somptueux mélo,probablement le meilleur film sur la danse (48).J'ignorais totalement que Michael Powell avait en quelque sorte signé en 38 un film précurseur du Néoréalisme italien. Il est vrai que certains plans de A l'angle du monde font penser à La terre tremble ce magnifique film de Visconti première manière. Les iliens de cette lointaine Ecosse ressemblent trait pour trait aux pêcheurs siciliens en révolte.

     Premier film indépendant de Michael Powell ce beau film se veut l'héritier d'un Robert Flaherty par exemple avec cette tendance documentaire et ces visages d'autochtones ayant vécu dans les coonditions du film. Le vertige nous saisit devant ce noir et blanc et cette verticalité si bien rendue par la caméra.Juste une petite touche fictionnelle qui ressemble un peu au Pagnol tragique de Regain par exemple. Ce n'est pas un hasard si l'on en vient à Giono, auteur de Regain car A l'angle du monde est un poème visuel élégiaque digne de l'ermite de Manosque qui aurait émigré sur une île de l'archipel des Shetland.

    Pour moi:une découverte d'un cinéaste éclectique dont les images évoquent avec leur caractère propre aussi bien Rossellini que les maître japonais.

16 août 2006

L'esprit d'Agatha

    Il y a deux manières d'adapter au cinéma les énigmes à l'anglaise d'Agatha Christie comme il y a deux héros au panthéon des enquêteurs de la perfide Albion:Hercule Poirot,belge de son état,a bénéficié de très gros moyens et distribution all-stars que ce soit sous les traits d'Albert Finney pour Le crime de l'Orient-Express ou de Peter Ustinov pour Mort sur le Nil ou Meurtre au soleil.Hotels de luxe, croisière entre gens du même monde, transports de tout confort, moustaches d'Hercule bien lustrées. Pas désagréable mais plus proche de Hollywood et de ses soirées costumées que de la campagne anglaise:voilà ce que m'inspirent ces chromos plaisants mais pesants.

  Non.Cinématographiquement l'univers d'Agatha Christie est bien plus présent dans les polars sans grand budget de George Pollock(61,62) ou Margaret Rutherford vieille dame indigne endosse la dégaine de Miss Marple. Cette série de quatre films:Murder ahoy,Murder at the gallop,Murder she said,Murder most foul qui ont été affublés parfois de titres français fantaisistes comme Le train de 16h50 ou Passage à tabac se déguste comme un vieux scotch au fond d'un manoir.Rien de rutilant comme au paragraphe ci-dessus mais un noir et blanc feuilletonnesque qui fait plaisir et des personnages de châtelains,d'héritiers,de gouvernantes,de médecins tous assassins en puissance mais à qui il sera beaucoup pardonné étant donné leur tare suprême et délicieuse:ils sont tous définitivement... britanniques.

4 août 2006

Le Carré tourne rond


               John le Carré a plutôt été gâté par le cinéma.En effet les adaptations de ses romans sont dansl 'ensemble assez réussis.La toute dernière d'après La constance du jardinier,mise en scène par Fernando Meirelles(La Cité de Dieu) tient à la fois de la fable tiers-mondiste et du thriller,rien de cela n'étant incompatible. Les multinationales et les grands labos n'apprécient pas cette charge très corrosive contre leur action en Afrique.Les Africains eux-mêmes n'en sortent pas grandis,entre corruption du pouvoir, trafic d'esclaves et banditisme. Terriblement pessimiste sur l'avenir du continent africain The constant gardener est aussi un film d'action dans un Kenya où les fauves sont bipèdes.Ralph Fiennes est un diplomate qui sent son destin lui échapper,broyé par des intérêts supérieurs. En 2001 John Boorman avait adapté Le tailleur de Panama,très bonne fiction sur cette espèce de marmite qu'est  l'Amérique Centrale,kafkaïenne à souhait. Les films antérieurs d'après John le Carré sont encore marqués du sceau de la Guerre Froide,thème favori de bien des auteurs d'espionnage.Je n'ai jamais vu La Maison Russie(Fred Schepisi,90) mais conserve un bon souvenir bien que lointain de La petiite fille au tambour(George Roy Hill,84,où il est question du terrorisme palestinien) et du célèbre Espion qui venait du froid(Martin Ritt,65 avec Richard Burton).   

L'antagonisme Est-Ouest est maintenant passé de mode évidemment.Il semble que l'Afrique ou le Moyen-Orient soient les nouveaux terrains propices à ce cinéma qui allie souvent rythme et réflexion politique.Modestement et sans jouer les précurseurs je pense que l'Indonésie,cette poudrière de 210 millions d'habitants où il ne fait pas bon vivre pour certains,pourrait être la star de demain. Une révision de mes documents m'oblige à mentionner M 15 demande protection de Sidney Lumet en 67,que je n'ai jamais vu.

 

11 juillet 2006

Est-il possible de ne pas aimer?

       Est-il permis de ne pas aimer Ken Loach?Allez!Vous me permettrez bien une entorse aux dithyrambes sous lesquels croule ce monsieur. Attention j'aime plusieurs de ses films dont Family life, Kes, qui sont des films déchirants d'humanité.Plus récemment j'aime le punch de Ladybird, Raining stones ou My name is Joe.

     Mais j'en ai un peu assez maintenant de la peinture du Royaume Uni vu par Loach. Sa critique post-thatchérienneSweet Sixteen a fini par me lasser. Sweet sixteen est sûrement un film honnête et qui traduit une certaine vérité. Je n'ai jamais dit que tout était rose outre-Manche. Simplement je n'ai plus très envie de voir ça. Si cela fait de moi un odieux suppôt du grand capital, tant pis. Je crois que le regard de Ken Loach approche dangereusement de la ligne pâle de la démagogie où j'essaie de ne pas me laisser enfermer. Is n't it a fucking human right to say No? (Pour employer la langue vernaculaire du film) . C'est vrai que récemment j'ai préféré lire Balzac, écouter les Zombies ou découvrir Les bas-fonds newyorkais de Samuel Fuller.

Publicité
<< < 1 2 3 4
BLOGART(LA COMTESSE)
Publicité
Archives
BLOGART(LA COMTESSE)
Newsletter
32 abonnés
Visiteurs
Depuis la création 369 747
Publicité