Canalblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
BLOGART(LA COMTESSE)
Derniers commentaires
Pages
28 février 2008

Les trois hommes des deux frères

               On sait que Cormac McCarthy est en passe de devenir très à la mode en France où son dernier livre La route se vend bien,déjà d'aileurs en cours d'adaptation.Personnellement j'avais aimé De si jolis chevaux(film aussi,que je n'ai pas vu) et moins Le gardien du verger,roman déjà ancien.Le grand passage et Des villes dans la plaine forment avec De si jolis chevaux La trilogie des confins,titre sublime qui suffit à faire comprendre que McCarthy écrit sur l'espace américain,revisitant son histoire dans une tradition quasi-faulknérienne mais faut-il rappeler la malchance de ce dernier au cinéma malgré quelques réussites mineures?Les deux frères Coen,peintres pointus et iconoclastes de cette société américaine trop policée,jouissent aussi en France d'un énorme crédit.Je partage mais Non,ce pays n'est pas pour le vieil homme m'a quelque peu décu.A propos du titre je voudrais dire que,baignant danc une culture rock,cinéma et littérature anglo-saxonne depuis toujours,j'ai pourtant l'habitude de citer les titres en français quand la traduction ne dénature pas.

       Bien des bloggers ont déjà écrit sur ce film,des choses souvent intéressantes.Le cinéma des Coen est toujours riches d'idées et d'images fortes.Mes préférés restent Miller's Crossing et Barton Fink.La danse, assez compliquée,des trois personnages du film le sheriff,le tueur et le chasseur,s'apparente presque au cartoon,tant la violence y semble presque hasardeuse mais réelle.La frontière du Mexique,lieu terriblement lié à toute une imagerie western,semble propice à un subtil équilibre pour des héros plus que border line.Hallucinante c'est vrai,comme tous les critiques l'ont dit,la silhouette improbable,lourdaude et cheveux de jais de Javier Bardem et son arme d'un nouveau genre.Ambigu le chasseur car bien des zones sont obscures dans No country.Plus convenu mais crédible Tommy Lee Jones prête son visage las au sheriff,peu loquace.Cette sarabande macabre est un bon moment de cinéma mais j'y croyais trouver une géographie plus abrupte et un désert plus engagé dans la chorégraphie des acteurs.

       En clair je trouve que les Coen ont utilisé l'espace western d'une façon originale qui m'a un peu déstabilisé.De grands espaces,à mon avis,pas tant que cela.Mais par contre l'architecture très Nouveau Monde de ces motels où l'on assassine ne manque pas de piquant.Et ça c'est particulièrement réussi.Les deux loustics savent toujours conjuguer spectacle et "auteurisme".Reste le "problème" de la fin du film, comme l'a bien saisi Dasola.La question reste ouverte?

Publicité
27 février 2008

Tous au rapport

Le rapport de Brodeck - Prix Goncourt des lycéens 2007

        Ce livre est un très grand livre et je n'y suis pour rien.Claudel est vraiment un styliste.Dans une langue très riche il nous raconte ce qui pourrait être une version de l'holocauste,mais une sorte d'holocauste par la petite porte si j'ose dire,version rurale de la brutalité et de la déshumanisation.Dans ce village de montagne Brodeck est prié d'écrire,d'écrire sur un meurtre,d'écrire en fait non pour témoigner mais pour tuer jusqu'au souvenir.Alors ce rapport ne verra pas vraiment le jour.Je n'ai pas envie d'en dire plus,ce livre tout à fait original doit se découvrir seul au fil du récit.Sachez seulement que si le monde y est absurde,cruel,abject et que les hommes y sont le plus souvent vils et veules Brodeck,peut-être parce qu'il a vécu le pire de la négation,conservera la lueur qui aurait pu sauver l'Anderer, l'autre,ce pelé,ce galeux d'où nous vient tout le mal.Sans esbrouffe mais avec des entrelacs de fines dentelles et de point de croix qui font honneur à la littérature Philipe Claudel signe un roman admirable à mille lieues du tout-venant.

23 février 2008

Cinémathèque m'était contée

      Journée Cinémathèque.Il faut que je rentabilise mon libre-pass et c'est loin d'être fait vu le boulot.Trois commentaires donc pour la Belle Dame de Bercy,dont j'ai déjà dit ici même la relative froideur et les dédales d'étages et de demi-étages car je ne comprendrai jamais qu'il y ait un troisième haut et un troisième bas par exemple.Tatio-kafkaïen.

                Ce que j'aime c'est qu'ici pas d'exclusive.Les pires banalités voisinent avec les chefs-d'oeuvre incontestés et les productions underground parfois géniales et parfois parfaitement croquignolesques. J'aime aussi l'idée de voir une rareté dans une vraie salle avec des spectateurs pas forcément hypercinéphiles à mon avis,mais intéressés par tout un pan de cinéma inaccessible.Je pense surtout aux vieux parisiens qui ont ainsi l'occasion de voir tous les jours des films de leur jeunesse,aux acteurs bien oubliés mais qui pour eux demeurent bien réels.C'est un peu le cas de L'homme du Niger(1939),crachotant le dilemne d'un officier français au Soudan français,administrateur ayant le projet d'irriguer des eaux du Niger l'aridité africaine. Tourné avec le concours du Ministère des Colonies et de l'Administration de l'Afrique Occidentale Française(stupeur des jeunes lecteurs,si,si,cela a existé même si je n'ai pas connu, n'exagérons rien),L'homme du Niger est un témoignage de ce cinéma paternaliste et bien-pensant de l'époque qu'il nous est utra-facile de stigmatiser.Nobles intentions,un Victor Francen très officier supérieur,très Vieille France justement,Harry Baur à cheval(une curiosité pour ce film bien statique) que l'on peut logiquement préférer en Jean Valjean plutôt qu'en médecin colonial,ou en juge Porphyre face à Raskolnikov.Et partout l'honneur, Messieurs, l'honneur de servir et de se sacrifier.Histoire du cinéma,l'Histoire au cinéma, c'est bien l'un des rôles de cette belle maison qui présente en ce moment Africamania,panorama du cinéma africain bien contemporain celui-là et fait par les Africains,souvent aidé par la France.

     Sacha Guitry a fait un retour en force cette année.Dépassé maintenant,il était temps,le stérile débat sur le théâtre filmé.Dépassées aussi je l'espère les quelques semaines de l'épuration.Cette très belle exposition, close maintenant,présente les innombrables facettes de Guitry.Ses pièces,ses films,ses dessins,ses amis, ses oeuvres d'art,ses épouses qu'il expose un peu aussi d'ailleurs. Guitry,toujours en représentation,dont les amitiés auront été de Clémenceau à Pétain en passant par Blum,c'est une plume acérée et un hommage aux vieilles gloires avec des extraits de Ceux de chez nous,bien sûr,dont le titre vieille France ne doit pas bercer une nostalgie un peu rance mais au contraire donner à voir le génie français quand il a nom Renoir, Rodin, France ou Saint-Saens.

(Portrait d'Alphonse Allais)

   Brillamment orchestrée en plusieurs thématiques l'expo visite successivement l'influence du père Lucien Guitry,la comédie,les chansons et revues souvent oubliées,la mise en scène de sa propre vie privée et le 18,avenue Elisée-Reclus,hôtel particulier autant que musée des beautés françaises.Et que dire de sa voix,cet instrument irremplaçable et reconnaissable entre toutes,cette voix que l'on a crû pendant un demi-siècle celle de Paris,voire du Tout Paris,et qui s'avère avec la fin du purgatoire celle d'un très grand auteur et cinéaste.

    La Cinémathèque organise comme tout le monde un hommage à Mademoiselle J.M.Moi j'organise modestement un petit déshommage suite à l'overdose.Non que sa carrière ne soit pas importante, Truffaut, Malle, Losey, Antonioni, Bunuel, Angelopoulos, Brook ,Kazan, Welles,Wenders. ne sont pas particulièrement des tacherons.Mais j'ai avec ce qu'est devenue J.M. un problème d'allergie devant le rôle qu'elle joue depuis vingt ans,ou qu'on lui fait jouer d"ailleurs.Cette préciosité à parrainer tout le cinéma français,cet artifice dont elle fait preuve (je me souviens d'une désastreuse Vanessa Paradis chantant Le tourbillon,encensée par Mademoiselle J.M. louant sa beauté et son courage).A ce propos relativisons le courage et la prise de risque des comédiens,balançant à force d'interviews à peu près autant de banalités et de poncifs qu'un entraîneur de football un samedi soir.Il semble qu'intronisée figure tutélaire du cinéma français Mademoiselle J.M. soit bien loin de la fraîcheur d'âme de certains rôles passés.Dame démagogie est encore une fois passée par là et ce n'est pas le super césar d'honneur qui rendra raisonnable ce culte d'un autre âge.

20 février 2008

Coup de cafard

  Juste quelques mots.Comme j'aimerais que nombre de bloggers soient moins péremptoires,moins sûrs d'eux.Les exemples abondent.Personne ne peut s'arroger le monopole de la vérité. C'est trop facile.Mais peut-être ai-je moi-même cédé à ce travers. C'est tout.

16 février 2008

Honte à l'italienne

Le bel antonio

     Mauro Bolognini est un cinéaste qu'il faut revoir impérativement pour sa finesse et l'élégance de son propos.Sur le thème délicat, surtout en 1961,de la virilité,qui plus est en Sicile,et avec la complicité à l'écriture de Pasolini il adapte le roman de Vitaliano Brancati,auteur sicilien lui aussi(1907-1954).A Catane le jeune Antonio(Mastroianni prototype du latin lover) épouse Barbara. Bourgeoisie,belles demeures,aisance financière et un avenir radieux.Mais la fêlure s'insinue et les parents s'inquiètent puis se heurtent.Et surtout l'honneur est en jeu.Ha l'honneur!L'honneur en ces années se situe parfois sous la ceinture et Barbara(Cardinale très jeune) ne sera qu'un pion dans le jeu du patriarcat et de la résignation des femmes,filles ou mères.

  Ce film ne prête ni aux plaisanteries grasses ni au marivaudage et Mastroianni campe avec conviction et douleur ce prétendu Don Juan dont on mesure peu à peu la solitude et la culpabilité.Film d'une grande pudeur,Le bel Antonio reprend le meilleur de Pasolini qui n'aura pas toujours cette réserve que Mauro Bolognini,doux ciseleur du cinéma italien,saura,lui,garder jusqu'à sa mort.Probable que cette discrétion lui a valu en partie le purgatoire.Dans l'infinie richesse du cinéma transalpin j'aime à attirer l'attention sur les réservistes (Zurlini,De Santis ont déjà fait l'objet de chroniques).Autres très beaux films de Bolognini:Les garçons,Metello,L'héritage,Ce merveilleux automne.Le titre de ce billet est un clin d'oeil à la vogue "à l'italienne" des films des années 55-60.En effet eûmes droit à Caprice, Scandale, Divorce, Mariage, Meurtre, tout ça à l'italienne.

Publicité
16 février 2008

L'objet du western

DVD Du sang dans le désert (The tin star) Z1

     Cet objet c'est la fameuse étoile du sheriff,ici Anthony Perkins,tout jeune promu malhabile qui aura besoin du mentor Henry Fonda dans ce beau western noir et blanc 57,signé Anthony Mann et ridiculement titré en France Du sang dans le désert alors que de désert point dans ce décor.Rappelons ici que Mann n'est pas seulement l'homme qui dirigea si bien James Stewart dans l'espace de l'ouest lors d'une  pentalogie unique (Winchester 73,Les affameurs,L'appât,L'homme de la plaine,Je suis un aventurier). Chasseur de primes vieillissant Fonda attend sa prime dans la petite ville,pourvue d'un tout jeune marshall,inexpérimenté et qui trouvera dans l'aventurier une figure paternelle,thème archi-classique du western.

     Anthony Perkins,jeune lui aussi,semble mal à l'aise mais cela colle finalement bien au personnage de bleu qui doit apprendre le dur métier de représentant de la loi dans une bourgade de l'Ouest.Des scènes très réussies comme la longue introduction où le chasseur de primes ramène un cadavre à cheval,en silence et dont seule la main dépasse.Figure obligée de l'Ouest nous croisons aussi un bon docteur,âgé mais pas alcoolique,chose rare,et qui entre triomphant dans sa ville le jour de son anniversaire,triomphant mais...mort dans sa calèche,assassiné pour avoir exercé son dur labeur.Intéressante approche aussi du lynchage,cette gangrène de le la conquête, universelle hélas qui ne va pas aussi loin que dans L'étrange incident,film de Wellman de 1943,le meilleur sur le thème.Hautement moral cela va sans dire Du sang dans le désert bénéficie d'une fin un peu trop bien-pensante à mon gré.J'ai toujours un penchant pour le solitaire qui part dans le couchant avant the end,plus que pour celui qui "s'encombre" tardivement d'une femme et de son jeune fils pour reconstruire.Mais ce pessimisme n'engage que moi.

15 février 2008

Un copain du patron

 

    Sur ce bel album,très classique au demeurant,sept chansons sont signées Joe Grushecky,quatre Bruce Springsteen et deux Grushecky/ Springsteen.On est donc en pays de connaissance et c'est rudement bon de retrouver des potes.Je sais Joe n'aura pas la palme de l'originalité mais nous non plus,quand on glose sur l'histoire du rock ou toute autre chose en essayant de sortir un peu des sillons battus.Ce disque date de 1997 et,bourré d'énergie,nous donne un aperçu de la belle voix de Joe et un son carré et jovial qui sait aussi se faire caressant dans la belle ballade 1945.Si Joe Grushecky n'est pas une star du rock je crois que l'on peut faire confiance au patron pour choisir ses amis.

http://www.youtube.com/watch?v=Oj51DuSEmK4 On rentre à la maison

http://www.youtube.com/watch?v=hBO2_j4CLBk  Lake Pontchartrain(extrait du dernier album A good life),ode au grand lac de Louisiane après Katrina.

15 février 2008

Quelques films de Nicholas Ray

      1949,mon maître Humphrey Bogart tourne le deuxième film de Nicholas Ray,Les ruelles du malheur.Le jeune délinquant joué par John Derek,en rupture de société,annonce évidemment La fureur de vivre.Mais le film presque tout en flashbacks est d'une construction que je trouve un peu pesante,ce qui à mon avis l'empêche d'être un grad film-prétoire proche d'Anatomie d'un meurtre,Douze hommes en colère,Le génie du mal.Bogart incarne l'avocat Morton avec ses faiblesses et ses doutes,lui-même issu d'un milieu modeste.Je dirais qu'il est finalement un avatar assez classique de Bogie,l'homme mûr qui s'était "accomodé" du monde dans lequel il vivait et qui retrouve le goût de la lutte.Mais n'st-ce pas le cas de Key Largo,Plus dure sera la chute,et même Casablanca?

     Les ruelles du malheur est aussi un peu l'héritier des Rue sans issue ou Les anges aux figures sales,avec Bogart aussi d'ailleurs mais en gangster d'avant-guerre.Ces films sociaux étaient certes un brin naïfs mais très efficaces,menés par d'excellents Curtiz ou Wyler.La fin des Ruelles du malheur est à cet égard très émouvante encore aujourd'hui.A noter la "finesse" du titre français destiné à faire pleurer dans les chaumières.

     Deux ans avant Nick Ray avait adapté le beau roman d'Edward Anderson Tous des voleurs sous le titre They live by night(Les amants de la nuit).Voir Redécouvrir Anderson .Une histoire de cavale bien sûr,de fuite en avant pour le jeune couple à peine sorti de l'adolescence.Mais Bowie et Keechie ne sont pas Bonnie et Clyde,ni Les tueurs de la lune de miel,plus proches de Romeo et Juliette sur les routes poussiéreuses des années trente dans l'Amérique dépressive.Echec total aus U.S.A. Les amants de la nuit sera repêché par la critique européenne.Annonçant lui aussi une certaine fureur de vivre le héros joué par Farley Granger,est,dès le début étincelant du film,promis au tragique.Contagieux de ce tragique et malgré un très beau mariage de parias,l'une des plus belles scènes de noces que j'aie vues,il contaminera si j'ose dire la toute fraîche Cathy O'Donnell,faisant d'elle une veuve bien précoce.Film noir dont les héros ont presque un visage d'enfant Les amants de la nuit c'est une histoire d'amour que gangsters et policiers sublimeront bien involontairement.

13 février 2008

Une chanson:Odessa

 

   Ces frères là ne jouissent pas d'une énorme côte d'amour dans le monde rock.Aucune de leurs trois carrières consécutives n'en fait un élément incontestable de l'histoire du rock.Ni leurs premiers succès de groupe ado en Australie.Ni la dizaine de tubes sympas mais mineurs dans l'Angleterre mid-sixties,les pourtant très agréables New York mining disaster 1941,Holyday,I started a joke,First of May, Massachussets, To love somebody,Words,World,etc...Ni leur couronne de maîtres du disco ès fièvre du samedi soir.Pourtant n'oubliez jamais le double album Odessa,dit double rouge,concept album influencé par des garçons de Liverpool,par des garçons de la plage,voire par Procol Harum et la tendance classique Moody Blues.Ecoutez le somptueux naufrage évoqué dans Odessa,chanson éponyme de l'album des Bee Gees.Respect...

 http://youtu.be/xsOrpJfkUos  Odessa

8 février 2008

Bible cinéphilique

A la recherche de John Ford

   

      

             

   

                 Prochainement cet ouvrage extraordinaire qui est aussi un grand bouquin sur l'histoire irlando-américaine, l'exil,la guerre,la famille,etc...Enfin pas si prochainement que ça car A la recherche de John Ford du grand Joseph McBride a autant de pages que la Bible, justement.Me voilà presque au bout de ce pavé passionnant qui ne rend pas Ford plus sympathique mais plus humain peut-être,plus humain c'est à dire plus homme.Ce livre aura déjà eu pour effet de m'empêcher de lire autre chose pendant un mois,mes loisirs étant limités.Le temps est venu maintenant d'évaluer sereinement la filmo de Ford.Pas sûr que ça lui aurait plu tant cet homme s'est évertué à jouer au mauvais coucheur et à l'interviewé désagréable et dédaigneux.A travers la bio de Joseph McBride,très fouillée,il apparaît que derrière le masque hautain et bougon pouvait apparaître(parfois) le créateur,le poète.Car John Ford a su entre les crises et les brimades,réelles,infligées à ses acteurs,et non des moindres,instiller en quelques plans des îlots de lyrisme,de poésie élégiaque et familiale.

     John Ford  reprend à son compte le célèbre adage du poète Walt Whitman "Je me contredis?Très bien,alors,je me contredis.Je suis vaste,je contiens des multitudes".Car rarement créateur aura autant divisé que Ford,adulé,vénéré,vilipendé,humilié selon les films et les époques,et parfoispar les mêmes.Il faut avoir l'honnêteté de dire que ce livre s'adresse aux lecteurs qui ont déjà vu pas mal de films de Ford, s'attardant longuement sur la genèse et les querelles qui ont accompagné beaucoup de tournages.Et,même ainsi,bien des précisions nous échappent.En fait on devrait lire ce livre lors d'un symposium de quinze jours conscré à une rétrospective du maître.Alors,bien vaines nous apparaîtraient les gloses sur le côté réactionnaire voire raciste de certains films,car les mêmes films peuvent la plupart du temps être lus à travers un prisme progressiste.Joseph McBride vous expliquera ça mieux que moi.Je vous recommande aussi chaleureusement un détour chez Inisfree grand fordien de la blogosphère.

    Il faut se rappeler que Ford c'est 55 ans de cinéma du muet aux Cheyennes et à Frontière chinoise,en passant par les films,très nombreux,produits ou réalisés par Ford pour l'Office of Strategic Services,pendant la guerre.Le vice-amiral John Ford tenait énormément à ses deux casquettes,Hollywood et la Navy.Ces deux jobs ne faisaient pas toujours bon ménage et Ford lui-même était tyrannique sur un plateau,sachant parfois larmoyer comme toutes les brutes.A la recherche de John Ford est une somme sur ce cinéaste avec ses rapports de famille,très douloureux,père pas terrible le patron,ses liens avec l'Irlande,pas simples non plus,ses attaches poilitiques curieuses alternant de la gauche à l'ultra- conservatisme. Contrairement à ce que l'on a pu croire longtemps,ce diable d'homme apparaît souvent assez antipathique mais surtout terriblement complexe.Faites-vous une idée!Il faut pour cela un peu de temps,1000 pages bien serrées.En ce moment je regarde Les sacrifiés(48).Mais il y en a tant d'autres.Et beaucoup d'humour.Terminons ainsi en souriant:lors du tournage des Deux cavaliers,en fin de carrière,dirigeant James Stewart et Richard Widmark,tous deux durs d'oreille et portant perruque cause calvitie,Ford déclara "Cinquante ans de putain de métier et j'en arrive à quoi?Diriger deux moumoutes sourdingues".So long.

3 février 2008

Bon,alors on se la joue ciné

   Point commun?

  Bravo pour cette réponse.Primo Levi,Ernest Hemingway,Henri de Montherlant,Drieu La Rochelle, Cesare Pavese et Hunter S.Thompson se sont tous suicidés.Les films sont La trêve,Pour qui sonne le glas,Un lever de rideau(court de François Ozon),Le feu follet,Femmes entre elles et Las Vegas Parano.Encore bravo!

2 février 2008

De retour du pays des légendes

       J'ai enfin revu,plutôt vu d'ailleurs car il ne me restait des Nibelungen guère plus que La chevauchée des Walkyries qui ne doit rien à Lang mais tout à Wagner(et peut-être un tout petit peu à Coppola). Somptueusement restauré par la F.W.Murnau Stiftung,le dyptique est admirable.Entendons-nous bien.Il faut pour apprécier cette oeuvre entrer de plein pied dans un univers pré-nietzchéen,qui emprunte aux légendes germaniques et scandinaves,plus de cinq heures de bruit et de fureur,de trahisons,de fer et de feu.Le film tourné en 1923 a été distribué en deux époques.Les deux parties sont assez différentes comme l'indique un bon document du toujours très éclairé Bernard Eisenschitz sur l'édition DVD de MK2.

    Siegfried conte le voyage,le mariage et la chute du héros et ce premier opus offre nombre de séquences d'anthologie.La forge où l'épée de Siegrfried prend naissance.Le combat contre le dragon qui rendra Siegfried  presque invincible.La route de Worms où le cavalier apparaît nimbé de brume en une forêt de légende.Le trésor des Nibelungen dans la grotte d'Alberich avec de splendides effets spéciaux et l'expressionnisme dans toute sa splendeur,version épopée médiévale.Brunhilde,reine d'Islande,amazone à l'allure martiale et Kriemhild,l'épouse de Siegfried sont les deux héroïnes de l'histoire,l'une manipulatrice qui échouera,l'autre,douce et assez soumise mais qui fourbira sa vengeance.

     Si la première partie bénéficait d'un héros de légende La vengeance de Kriemhild est davantage une histoire de la violence qui engendre la violence.Kriemhild,convaincue par Rüdiger,épouse Attila le roi des Huns.Uniquement pour fourbir sa vengeance vis-à-vis de l'assassin de Siegfried.C'est un cercle de luttes fratricides où ne manque rien,même l'infanticide,avec son lot de flammes et de trahisons.Lang a réussi un véritable opéra,un cycle légendaire que les acteurs du muet et l'expressionnisme de la mise en scène hissent au niveau des mystères.Si l'histoire,comme celle des Atrides,est un peu compliquée La vengeance de Kriemhild célèbre,après la magnificence du héros le déferlement des forces destructrices.Pour conclure on ne peut passer sous silence la tentative de récupération des Nibelungen et de son auteur par le Troisième Reich.Mais outre qu'on peut faire dire aux légendes à peu près n'importe quoi n'oublions pas le départ précipité de Fritz Lang pour la France et l'Amérique et son refus catégorique de devenir vous savez quoi.

Publicité
BLOGART(LA COMTESSE)
Publicité
Archives
BLOGART(LA COMTESSE)
Newsletter
32 abonnés
Visiteurs
Depuis la création 369 701
Publicité