Les trois hommes des deux frères
On sait que Cormac McCarthy est en passe de devenir très à la mode en France où son dernier livre La route se vend bien,déjà d'aileurs en cours d'adaptation.Personnellement j'avais aimé De si jolis chevaux(film aussi,que je n'ai pas vu) et moins Le gardien du verger,roman déjà ancien.Le grand passage et Des villes dans la plaine forment avec De si jolis chevaux La trilogie des confins,titre sublime qui suffit à faire comprendre que McCarthy écrit sur l'espace américain,revisitant son histoire dans une tradition quasi-faulknérienne mais faut-il rappeler la malchance de ce dernier au cinéma malgré quelques réussites mineures?Les deux frères Coen,peintres pointus et iconoclastes de cette société américaine trop policée,jouissent aussi en France d'un énorme crédit.Je partage mais Non,ce pays n'est pas pour le vieil homme m'a quelque peu décu.A propos du titre je voudrais dire que,baignant danc une culture rock,cinéma et littérature anglo-saxonne depuis toujours,j'ai pourtant l'habitude de citer les titres en français quand la traduction ne dénature pas.
Bien des bloggers ont déjà écrit sur ce film,des choses souvent intéressantes.Le cinéma des Coen est toujours riches d'idées et d'images fortes.Mes préférés restent Miller's Crossing et Barton Fink.La danse, assez compliquée,des trois personnages du film le sheriff,le tueur et le chasseur,s'apparente presque au cartoon,tant la violence y semble presque hasardeuse mais réelle.La frontière du Mexique,lieu terriblement lié à toute une imagerie western,semble propice à un subtil équilibre pour des héros plus que border line.Hallucinante c'est vrai,comme tous les critiques l'ont dit,la silhouette improbable,lourdaude et cheveux de jais de Javier Bardem et son arme d'un nouveau genre.Ambigu le chasseur car bien des zones sont obscures dans No country.Plus convenu mais crédible Tommy Lee Jones prête son visage las au sheriff,peu loquace.Cette sarabande macabre est un bon moment de cinéma mais j'y croyais trouver une géographie plus abrupte et un désert plus engagé dans la chorégraphie des acteurs.
En clair je trouve que les Coen ont utilisé l'espace western d'une façon originale qui m'a un peu déstabilisé.De grands espaces,à mon avis,pas tant que cela.Mais par contre l'architecture très Nouveau Monde de ces motels où l'on assassine ne manque pas de piquant.Et ça c'est particulièrement réussi.Les deux loustics savent toujours conjuguer spectacle et "auteurisme".Reste le "problème" de la fin du film, comme l'a bien saisi Dasola.La question reste ouverte?