Blues is here to stay
Vieux de 40 ans ce bouquin sort enfin en France.C'est,je pense,une référence pour les amoureux de cette musique si belle et si méconnue ici.Nous en sommes pas en présence d'une encyclopédie qui compilerait les innombrables musiciens qui ont participé de près ou de loin à la naissance et la croissance du blues,des blues,devrais-je écrire.Ce n'est pas non plus un traité de musique sur les gammes mineures,le shuffle I-IV-V,ou les paroles assez conventionnelles à base de road again et de feeling blue.Non,c'est plutôt un voyage sur les chemins du blues et du early rock qui s'attarde sur le destinées musicales de quelques musiciens,pas forcément les plus connus,à l'exception de Muddy Waters et Howlin' Wolf.
Particulièrement intéressants sont les chapitres sur deux maisons de disques,mythiques s'il en est,Sun Records et Chess Records.Sun,sous l'influence de Sam Phillips,enregistra nombre de bluesmen régionaux à Memphis,puis un jour signa le disque 209,d'un jeune camionneur né à Tupelo.Ce disque devait changer le monde,et le label jaune nanti de onze rayons de soleil allait conquérir la planète. Sam Phillips venait de découvrir Elvis Presley,illustrant ainsi la grande cohérence beuglée dans bien des morceaux de blues "Blues had a son and his name is rock'n'roll".
Chess Records, Chicago, est le label des frères Leonard et Phil Chess. Exploitants de clubs jazz plus ou moins douteux où la musique n'était que l'activité la plus légale,ces businessmen créèrent Aristocrat qui devint Chess Records et signa,excusez, Muddy Waters, Howlin' Wolf, Sonny Boy Williamson, Buddy Guy,avec un son de plus en plus électrique.Puis les seuls rockers noirs, Bo Diddley et Chuck Berry.Avec l'omniprésent grand contrebassiste et compositeur de blues Willie Dixon,a qui l'on doit My babe, Hoochie coochie man, Spoonful, You can't judge a book by the cover.Un certain Keith Richards,à la question "Vos influences?" répondait "Tout ce qui sortait de chez Chess". Avec cet astucieux logo jeux d'échecs.
Alcool, errance, précarité, prison furent les principales cases du jeu de l'oie des bluesmen,parfaitement évoquée par Peter Guralnik.Pour quelques gloires,et encore furent-elles tardives comme Muddy, John Lee Hooker, B.B. King,combien de ces formidables musiciens sont-ils morts misérables et fauchés?Grâce à ce bouquin, quelques-uns parmi les plus ignorés auront-ils au moins un peu de reconnaissance. Par exemple les deux oubliés de tous,y compris de moi-même, Robert Pete Williams,un des maîtres du Delta Blues et Johnny Shines,un compagnon de route du diable en personne,Robert Johnson.La troisième vidéo,elle,est tout simplement considérée par la Faculté du Blues de Beale Street, Memphis, Tennessee, comme le panthéon du blues acoustique,catégorie artisanale.Qui a dit "très artisanale"?