Attention terrain glissant.J'ai donc lu Les lisières à peu près comme tout le monde,pas trop de mon plein gré mais,bon,on me l'a prêté.C'est déjà ça.Le pire,si j'ose dire c'est que c'est pas un mauvais livre.Cependant,il était un peu temps d'en finir tant le roman d'Olivier Adam conjugue un réel talent et une arrogance pas possible.Pas envie de dîner avec lui et vu ce que j'ai lu ce serait probablement réciproque.Olivier Adam a pas mal promené sa carrure sur les plateaux télé,ceux qu'il n'aime pas beaucoup dans son livre.Il est fatigant,Olivier Adam,il n'aime guère de monde,et surtout pas Olivier Adam.Il est en même temps plutôt malin,Olivier Adam et il sait retourner les choses en sa faveur sans en avoir l'air.Il tient un peu du prestidigitateur.J'aimerais en dire du mal,je vais le faire,mais avant je suis obligé d'en dire pas mal de bien.Si vous croyez que ça m'amuse.
Roman d'expérience,Les lisières raconte la vie d'un jeune quadra,milieu culturel,romancier lui-même,scénariste,branché du bon côté,tolérant mais ne supportant personne.Il a quitté Paris,c'est plus possible Paris,tu t'rends compte, pour la Bretagne.En divorce et souffrant de la situation il a décidé de revenir en cette fameuse lisière,la banlieue parisienne.Le mot est lâché.Retrouvant ses parents,le père avec lequel il est en conflit larvé,la mère effacée et très malade.Et la tendresse,bordel?Il trouvera moyen de nous faire presque croire que sa tendresse filiale,à lui,est d'une autre trempe.Et que,de toute façon,on ne peut pas comprendre.
Paul en veut à son père de ne pas avoir su l'aimer,possible,mais plus encore de se laisser aller avec l'âge à des idées pas bien, c'est à dire des idées contraires à lui,Paul.Paul,lui,il sait ce qui est bien.Olivier Adam,aussi,manifestement.Et il ne se prive pas de nous le faire savoir.Et là,chose rare,j'ai terriblement envie de le frapper,Paul,pour le punir de toujours avoir raison.Parfois il a vraiment raison.Oh et puis qu'est-ce que c'est compliqué.Car voilà,derrière ce qui tient parfois du fatras prechi-precha pas mal démago quand même,se trouve Olivier Adam,écrivain et très bon qui plus est, quand il décrit ses si difficiles rapports avec son père.Ou quand il revient sur la mer qu'il aime longer et où il fait du kayak pour évacuer ses larmes. Qu'on se le dise,Olivier Adam est un être humain. Un gars qui fait du kayak en Bretagne et boude les salons ne peut être totalement mauvais.
Mais,car il y a un mais,il m'énerve grave,Paul Olivier Adam (si en plus ils s'y mettent à trois).D'abord il use de facilités et ne nous épargne pas ses sarcasmes littéraires ou sociaux.Guillaume Levy et Marc Musso en prennent un coup.Ca m'a presque donné envie de les lire.Facile,ça,Olivier.Quand il revoit quelques copains de lycée,vingt ans après,il ne fait guère dans la sympathie.Mais comment lui donner tort,c'est souvent une terrible épreuve que d'être confronté à l'échec des autres,qui vous rappelle fâcheusement le nôtre,dans un registre différent,en mieux,ça va de soi.Il y a un peu de Paul en moi,et ça ne me plaît pas,il colle un peu,Paul,et je n'arrive pas à m'en débarrasser totalement.A lire,donc,Les lisières?
Cependant Olivier Adam,si vous ne m'insultiez pas toutes les quatre pages environ,je finirais par apprécier.Est-on méprisable et nanti parce qu'on ne lit pas le même quotidien?D'ailleurs je n'en lis pas.J'ai parfois eu l'impression d'en prendre plein la gueule, probablement éteint puisque vous êtes éclairé.Votre hémiplégie a fini par m'écoeurer.J'en ai eu marre qu'on me donne des leçons.Si vous ne m'aimez pas,je ne vous aime pas non plus.Mais les baffes,c'est vrai que vous vous les mettez fort bien vous-même.Et c'est diabolique.Vous savez à qui vous m'avez fait penser,Olivier?A ces prêcheurs américains si prolixes et si prompts à mettre en garde les hommes contre les diableries.Un jour on à la preuve de leur duplicité.Ils se mortifient alors,s'accusent du pire,reconnaissent leurs torts à grands renforts de larmes.Et ainsi,les applaudissements redoublent et l'opinion leur redevient très vite laudative.Et les différentes démagogies de se mordre la queue.
P.S.Accessoirement,et bien que ça m'écorche de l'écrire,vous avez un beau talent d'écrivain,Monsieur Olivier Adam.