Canalblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
BLOGART(LA COMTESSE)
Derniers commentaires
Pages
18 octobre 2006

Le milieu du lac

The Trials of Van OccupantherCédant à la pression des blogueurs plus jeunes(soit 97% environ) et pour faire moi-même moins que mon âge je viens annoncer mon coup de coeur pour Midlake qui si c'est le milieu du lac doit être celui du Lac Majeur ou du Lac Supérieur vu la grâce qui émane de cet album The trials of Van Occupanther.Nanti d'une pochette particulièrement hideuse le disque recèle des trésors que je m'en vais vous détailler juste un peu.

  A l'évidence Midlake  s'intéresse à l'écologie comme en témoignent les titres Roscoe ou It covers the hillsides.C'est toute l'ambiance qui apporte une touche de fraîcheur et une véritable originalité à l'ensemble des morceaux.Ceci fait que Midlake ne ressemble à rien de très connu et que l'itinéraire des chansons n'est pas parfaitement balisé comme la plupart des albums.Surprise donc dans cette jolie production dont quelques harmonies évoquent un peu Mercury Rev pour donner une vague idée.Le plus simple est d'écouter Roscoe.Dire que ce groupe vient du Texas étonnera bien des gens car le son de Midlake est très loi du rock sudiste qu'on associe un peu systématiquement à l'état pétrolier.

http://www.youtube.com/watch?v=QGCrED-2v7o Ecoutez!

Publicité
18 octobre 2006

Loin,très loin,très au sud et très à l'ouest

Tierra del FuegoMort en 2002 à 92ans Francisco Coloane fils de chasseur de baleines est maintenant devenu une célébrité et nombre de voyageurs hantent la Terre de Feu sous les mauvais vents du Sud sur le straces du patriarche de Chiloé.Semblant sorti d'un roman de Melville ce géant qu'on n'a connu en France qu'avec une barbe blanche est l'auteur de nouvelles et de quelques romans qui font de nous un Jim Hawkins de ll'Ile au Trésor qui aurait troqué les Caraïbes pour le Cap Horn.Les personnages de Coloane,au front précocément ridé par les tempêtes australes,sont des marins,des baleiniers,des bergers,des chasseurs.Couturés de solitude et amis des eaux-de-vie ces costauds sont souvent des colosses fragiles qu'une photo de femme fait fondre au son d'un vieux tango.

Le Passant du bout du monde    Le critique littéraire a une marotte sympa mais un peu envahissante qui consiste à chercher des parrains à chaque écrivain.Alors va pour Jack London par exemple.Comme l'homme de la ruée vers l'or Coloane a bourlingué,auteur voyageur et compagnon d'illusion des gauchos,des contrebandiers et des derniers Indiens Alakaluf,ces tribus disparues dont les rares survivants posent pour les touristes.J'ai aimé le périple avec le vieux Francisco et dévoré Tierra del Fuego,Cap Horn,Le sillage de la baleine.Découvert depuis une douzaine d'années on peut lire aussi Le dernier mousse,El Guanaco,Le passant du bout du monde,Le golfe des peines tous publiés chez Phébus,maison de qualité(également Points).

18 octobre 2006

Ray(pas celui que vous croyez)

Il y avait un jeune dandy,un homme bien sous tous rapports,qui passait une après-midi ensoleillée dans une rue sans issue ou à la Gare de Waterloo.Ray Davies,leader des Kinks, n'avait pas son pareil pour ciseler des merveilles de pop-songs(Dandy,A well-respected man,Sunny afternoon,Dead end street,Waterloo Sunset). 

Bien des années après mais, c'est un de mes péchés mignons d'aller rechercher de vieux amis, Ray Davies nous enchante avec un album tout neuf nommé Other people's lives. Une douzaine de vignettes délicieusement anachroniques donc d'avant-garde parsèment ce disque. Je citerai une satire contre les tabloïds britanniques(Other people's lives),une rencontre avec les voisins(Next door neighbour),la nostalgie(Run away from time).   

Sur le plan musical les disques de Ray Davies et déjà ceux des Kinks se singularisaient par un petit côté désuet avec clavecin,fanfares,flûtes à une époque où celles de Kusturica n'avaient pas encore droit de cité. Le premier morceau s'appelle Things are gonna change.Bien sûr Other People'S Livesles choses changent,mais à la manière de Visconti et du Guépard. Télérama,qui n'écrit pas que des banalités,parle de Ray Davies comme d'une vieille maison victorienne où il y aurait encore de nombreuses pièces à visiter.C'est joliment tourné et je souscris entièrement.Et je signe...

17 octobre 2006

The ultimate Antoine Doinel

J' ai donc vu et revu la saga d'Antoine Doinel et on ne signalera jamais assez la fidélité de Truffaut à ses personnages dans cette réalisation à ma connaissance unique au monde:suivre en 5 films et vingt ans un héros de notre temps,subtil alliage de Truffaut,Léaud et...Doinel.

Truffaut est d'ailleurs en général un cinéaste de la fidélité:aux femmes(toutes les femmes),au polar(Irish,Goodis),aux enfants,aux livres,au cinéma.

On peut vraiment parler de l'oeuvre de Truffaut comme d'une oeuvre littéraire et c'est un compliment pour moi.Cohérence de l'écriture,logique imparable de l'évolution d'Antoine Doinel ,évolution dans l'instabilité certes,mais tellement sentimentale et imprégnée de l'idée de roman d'apprentissage et de journal intime.

L'interprétation de tous les rôles est parfaite,de Claire Maurier et Albert Rémy au début jusqu'à Dorothée(eh oui).Une mention pour la Tour Eiffel dans son propre rôle,très présente et pour des gens qu'on a peu vus au cinéma(Claude Véga,Daniel Boulanger).


A classer au patrimoine définitivement.

17 octobre 2006

L'arbre ultime


Enfin vint le dernier soir


A la recherche de l’arbre ultime


Serait-il là,maître des cimes


De la palmeraie ancienne


Courbant sous le sirocco noir


D’une oasis algérienne.


Serait-il modeste fruitier


Rosissant au printemps normand


D’une terre de liberté


Près des grands cimetières blancs


Allais-je encore le débusquer


Abritant,Amazonien


Les derniers Indiens


Cueillis par l’hébétude


Et le jaguar y feulerait


Dans la dense nuit meurtrie du Sud.


J’aurais aimé le rencontrer là haut


Cyprès toscan de la douce colline


Penché sur Florence et l’Arno


Jouant la comédie divine


Veillerait-il,acacia,ombrelle


Sur la savane aux vives gazelles


Priant pour la pluie


Pour la vie.


Resterait-il à jamais symbole


Cèdre bleu de ce Liban


Où la colombe à peine s’envole


Paisible érable chantant


Au coeur du Saint Laurent.


J’ai vu l’arbre ultime


Ni le saule larmoyant


De mes amours de douze ans


Ni ce boréal et fragile sapin


Ni ce rouge géant californien?


Non,c’était l’arbre du crime


C’était l’arbre bourreau


Et le chanvre assassin


Greffé sur ses rameaux


Ployait comme un rictus dernier


Sous le faix des hommes condamnés.

Publicité
17 octobre 2006

Transaméricaine,transes américaines(Easy rider)

Transaméricaine, transes américaines (Easy Rider) 

 

Elles ressemblent à des entrailles

Ces autoroutes,rubans interminables

Embrasées par instants

D’un soleil acéré qui leur donne un air de Mexique.

Elles attendent l’homme,disponible

Comme dans un road-movie

Un cinéma de l’errance,ouvert

A des rencontres d’un autre type

Droit sorties de nos fantasmes

De rêveurs décalés.

Sont-ce,attardés quelques disciples de Kerouac

Qui guettent l’un de ces fabuleux camions?

Itinéraires dérisoires

Le pouvoir des fleurs a quitté la Californie 

Les nomades que j’y ai croisés

Ne sont plus ni pionniers ni musiciens

Adieu Grace Slick!

J’aime la poésie horizontale

Des petites boîtes de toutes les couleurs 

Ces motels,carrefours des grands chemins à moteur.

Ils réinventent,naïfs,à chaque halte

Ce curieux amalgame

De laideur et de sublime

D'une civilisation soda

Qui a brûlé les étapes

L’Amérique a eu si peu de temps

Pardonnons,parfois elle ne sait...

Sur les parkings d’étonnants véhicules

A la teinte vestige-vertige

Psychedelique

Lovent leurs silhouettes

Auprès de ces jeux de cubes

Oasis informes pour ces modernes caravanes.

L’Amérique éternelle est là quand même

 

Une rengaine,plus loin,sort d’une cabine

Une mâle histoire d’amour

Un chauffeur du Kentucky

Et la fille d’un relais,une quelconque Nancy

Dans un quelconque Alabama.

Moi je sais bien qu’on peut trouver encore

Qui s’égrènent au fil de l’espace T

ous les clichés des sixties

Si chers à la réminiscence,autant

Que les pièces d’un puzzle futuriste

Monde éclaté de vitesse et violence.

Où sont allés ces hommes aux cheveux de comètes

Que chantaient Ginsberg et la Côte Ouest?

Le temps a repris à la course la mémoire

Et les passants sur la route

Ne sont plus en quête d’un festival

Improbable d’amour et de paix

Slogans poussiéreux,désuets.

Puis comme des tribus belliqueuses

Dans le bruit et la fureur

Des hordes vrombissantes

Strient les cicatrices conremporaines

Echappées d’un cauchemar de faits divers

Où voisinent poètes égarés

Et illuminés aux pulsions maladives.

Crainte et attirance

Nourri de cette littérature

Et dévoyé de cinéma

Je les entends qui m’appellent

Ces hauts chemins de l’Occident.

Résonne le chant des cavaliers tranquilles.

17 octobre 2006

On appelait ça un super-groupe

Crosby Stills & NashJ'ai choisi de changer d'air et de me présenter sous une autre bannière.Très bien mais voilà:mes gôuts et mes élans eux ne changent pas et j'ai toujours la passion de la musique et notamment celle des années californiennes.1968:Les Hollies,les Byrds et Buffalo Springfield lâchent momentanément Graham Nash,David Crosby et Stephen Stills qui en studio produisent alors un album que l'on n'appelait pas encore éponyme.Dans le chalet de la chanteuse Joni Mitchell qui sera en quelque sorte leur marraine,à Laurel Canyon ce lieu mythique de la culture hippie,la réunion de ces trois talents originaux va donner l'un des plus beaux disques de l'histoire du rock.C'est un disque apaisé alors que les trois musiciens doutent après des difficultés personnelles,deuils,ruptures.

   Citons simplement la somptueuse ballade Guinnevere et le si lyrique Wooden ships ainsi que l'entame de l'album Suite:Judy blue eyes,en hommage à Judy Collins qui fut l'amie de Stephen Stills.Vous me suivez? A l'époque à l'écoute de ce disque on a pu se prendre à rêver,à rêver que Stills ne deviendrait pas fou furieux,que Crosby ne se prendrait pas pour Billy le Kid.Mais c'est si loin tout ça.D'ailleurs ils vont mieux.Reste cette oeuvre somptueuse digne de Pet sounds,Sergeant Pepper's et des autres du Panthéon de notre jeunesse d'enfants gâtés.Je vous propose une version de Suite:Judy blue eyes un peu plus tardive,en live.

http://www.youtube.com/watch?v=MVEUbIgJa9Q

17 octobre 2006

Remarque sur Remarque

Le grand écrivain pacifiste allemand puis américain Erich Maria Remarque aura été bien servi par le cinéma ce qui est loin d'être le cas de tous les auteurs.Dès 1930 Lewis Milestone adapte son roman le plus célèbre A l'Ouest rien de nouveau que l'on considère comme le pendant allemand des Croix de bois,livre de Roland Dorgelès et film de Raymond Bernard.Film certes hollywoodien mais très lyrique et conforme à l'esprit de Remarque.Récompensé aux Oscars cette production reste une date dans l'histoire du film de guerre.

   Engagé très jeune dans le premier grand conflit Remarque sera toute sa vie obsédé par les massacres et dans le magnifique Trois camarades de Frank Borzage(38) la guerre est encore très présente même s'il nous conte l'amitié de trois soldats qui dure bien après l'explosion. Mais quitte-t-on vraiment jamais l'uniforme quand on a vécu l'enfer de ces hommes?Une jeune fille marquée elle aussi mais par la maladie vivra quelques mois de toute beauté parmi ces trois coeurs cassés.L'amour fou est une constante chez Borzage également auteur d'une belle adaptation du grand roman d'Hemingway L'adieu aux armes.

    En 58 Douglas Sirk signe le sublime Le temps d'aimer et le temps de mourir adapté du roman du même nom et qui se déroule sur le front russe de la Seconde Guerre Mondiale.Jean-Luc Godard en a dit "Je n'ai jamais cru autant à l'Allemagne en temps de guerre qu'en voyant ce film américain tourné en temps de paix".Sirk,croyez-moi,s'y connaît en émotions.

   Je n'ai jamais lu ces romans d'Erich Maria Remarque mais à l'évidence le regard de cet homme sur le siècle est aussi celui du grand écrivain italien Mario Rigoni Stern,déjà chroniqué,du français Barbusse ou de l'anglais Frederic Manning(Nous étions des hommes). A rapprocher également du tout nouveau Le chemin des âmes dont je viens de vous parler bien que ce dernier livre ne soit pas le témoignage d'un soldat mais une pure fiction d'un écrivain de 30 ans.

17 octobre 2006

Prévert le Cinoche

Prévert le Cinoche

L'homme au mégot serré,humide

Poésie de Méliès,vérisme des Lumière

Il sait de quoi qu'il cause

Et tournent le Gabin,le Brasseur

Les autos tamponneuses.

Sur la plage meurt un peintre

Celui-même qui voyait

"Les choses derrière les choses et le nageur noyé".

Un archevêque pouah

Anglais de surcroît,quelle insulaire horreur

Et son cousin à table

Et son couteau à table

"Des amis qui ont la rougeole"

Comme c'est curieux...

Curieux n'est pas le mot

Qu'avez-vous dit?Bizarre?

Drôlatique dramatique.

Au château les trouvères ont trouvé

Table garnie,disette germanique

Et Jules,le diable très vert de Prévert

Tend l'oreille aux statues

"Mais c'est leur coeur qui ne cesse de battre"

Sortilèges de l'amour

"Démons et merveilles,vents et marées".

Théâtre des Funambules

L'amour fou pour la Garance

Des quatre hommes de sa vie

Pas tranquille comme Baptiste

Et pas maître,Frédéric Lemaître

"Un Paris tout petit pour un si grand amour"

Un Jacquot,papa parigot

Des seuls enfants d'Arletty,

Les Enfants du Paradis.

Amour libre,humour fou

Ou bien est-ce l'inverse?

Anar du pavé,il n'est pas loin,Villon

Depuis toi nous on aime

Clochards et colporteurs

Seconds rôles et vrais destins

Et les fausses soutanes murmurant

Une ultime oraison

"Je regrette les femmmes".

17 octobre 2006

Un rêveur américain

   

Nuit enchantée

                         Dans la formidable inventivité de la littérature américaine dont je parle souvent la musique de Steven Millhauser apporte une touche fluide et poétique. Nuit enchantée est une suite de petits tableaux à la lisière du surnaturel, une nuit d'été en ville où les jouets et les petites filles restent éveillés tandis qu'un gang de gamines boit de l'orangeade dans les maisons qu'elles visitent.

      L'écriture de Milhauser pétille doucement, distillant une sourde inquiétude, injustifiée cependant. Bien sûr il s'en faut de peu qu'on ne dérive dans La nuit du chasseur mais ces morceaux de contes à veiller debout, dans la torpeur estivale d'une Amérique un peu rêvée, lorgnent plus vers un surréalisme sans ogre ni vraie violence. J'oubliais le personnage principal:c'est la Lune,plutôt bienveillante dans son étrangeté.Je crois me souvenir qu'elle tenait aussi un rôle important dans La nuit du chasseur, mais plutôt versant obscur.

16 octobre 2006

La douleur de Robert

           Robert McLiam Wilson nous propose à son tour sa version de l'Irlande contemporaine avec entre autres trois romans impeccables et rugueux.

           Ripley Bogle conte la "promenade" en Angleterre d'un raté,jeune flemmard qui n'a que peu de goût pour le travail,héros décadent qui en dit long sur la déshérence de toute une génération.Même les traditionnelles valeurs irlandaises sont battues en brèche par ce loser pathétique.Ce roman qui ne craint pas le mauvais goût s'avère finalement tonique et d'une écriture très cinématographique.

 

 

      Eureka Street,c'est l'amitié entre Jake et Chuckie,l'un catholique,l'autre protestant ou vice-versa,deux as de la débrouille dans Belfast encore secouée par l'interminable et idiotissime guerre des clans.Oscillant entre très drôle et très noir,souvent intimement mêlés en un tableau pittoresque et grinçant,Eureka Street commence ainsi "Toutes les histoires sont des histoires d'amour".Robert McLiam Wilson en vit une belle avec la littérature.

 

     Je préfère malgré tout La douleur de Manfred où planent un peu le théâtre de l'absurde et de vieux fantômes irlandais en exil dans Londres.Manfred,Irlandais vieillissant et condamné,revoit sa femme une fois par semaine sur un banc,sans avoir le droit de la regarder.Il faut dire qu'il l'a jadis battue et que sa vie s'est délitée entre un fils indifférent et sa propre culpabilité.Plus sombre que les deux autres romans,La douleur de Manfred porte l'accent grave d'une comédie humaine qui flirte avec le désespoir.

 

16 octobre 2006

Roddy de Barrytown

Un petit tour dans mon pays fétiche tant sur le plan cinéma que littérature.Voici Roddy Doyle,auteur de la trilogie de Barrytown qu'Alan Parker(The Commitments) puis Stephen Frears(The Snapper,The Van) ont popularisée au grand écran.

Paddy Clarke ha ha ha se passe également au milieu des années 60 dans la banlieue un peu minable de Dublin.Nous sommes bien évidemment avant le boum économique irlandais et Patrick Clarke est un garnement comme tant d'autres,entre bagarres et chapardage,football sur le chantier et parfois,pas souvent,beignes à la maison.On retrouve dans Paddy Clarke ha ha ha la truculente verdeur des trois films précités et,dans la catégorie très chargée des souvenirs d'enfance l'apprentissage de Paddy,alter ego de Roddy Doyle,ets une bonne pioche.


La femme qui se cognait dans les portes,c'est la triste vie de Paula Spencer,dix-sept ans de galère conjugale ponctuée de râclées,dents brisées,grossesses non désirées,le quotidien de pas mal d'Irlandaises et d'autres.Voyez,j'adore l'Irlande mais n'oublie pas qu'elle a vécu assez longtemps une forme d'obscurantisme hélas toujours très partagée dans le monde.Pour ce livre on dirait que Paula Spencer c'est Roddy Doyle tant l'acuité et la sincérité de son écriture sont éclatantes d'authenticité.



Les cinq bouquins cités sont chez 10/18 ainsi que L'enfant de Dublin de Peter Sheridan qui est de la même verve.Quand je vous dis que les Irlandais sont tous écrivains.

15 octobre 2006

La trilogie allemande du Duc de Modrone

Luchino ViscontiVoici quelques éléments de la conférence que j'ai donnée aux Amis de l'Université Jules Verne sur une partie de l'oeuvre de Luchino Visconti. Visconti est un paradoxe et incarne toutes les contradictions du siècle à lui seul.Aristocrate et communiste au train de vie somptueux, homosexuel ayant donné à Magnani,Cardinale,Thulin leurs meilleurs rôles,homme du nord de l'Italie mais chantre du Mezzogiorno au temps du Néoréalisme triomphant.Une personnalité riche,complexe,auquel on a reproché tout et son contraire. 

Ils étaient cinq(principaux),tous géniaux:Rossellini le professeur,De Sica le bon docteur,Fellini le roi bouffon, Antonioni le cérébral un peu éloigné et Visconti l'aristocrate un peu distant mais si sincère.

    Visconti,amateur de culture française et germanique,arrive aux années soixante et signe avec Rocco et ses frères une oeuvre magistrale,l'adieu au Néoréalisme.Puis viendra le Guépard(63) qui sera comme un au revoir à l'Italie.Le Prince Salinas c'est un peu Visconti lui-même évidemment.Souvenez-vous"Nous étions les lions,les guépards.Après nous viendront les hyènes et les vautours.Mais tous nous continuerons à nous prendre pour le sel de la terre.".Terrible aveu du Prince pourtant éclairé,mais perplexe devant les changements de l'Italie.  Les damnés   

N'ayant jamais pu mener à bien ses projets sur Proust(La Recherche du temps perdu étant à Visconti ce que Don Quichotte fut à Welles) il réalisera en quelques années ce qu'il est convenu d'appeler faute de mieux la Trilogie allemande. Les Damnés sonne comme une sorte de tragédie shakespearienne mise en scène comme un opéra wagnérien. Inspiré vaguement des Buddenbrook de Thomas Mann, déjà, de Macbeth,de la saga de la famille Krupp et d'une grande production d'épouvante dont le tournage en Allemagne dura presque 15 ans sous la direction d'un peintre raté,Les Damnés brasse,parfois un peu confusément,un peu "trop" les thèmes éternels du pouvoir et de l'ambition.Les Atrides de la Ruhr seront happés comme un simple rouage de la démesure assassine. Cortège funèbre comme dans les deux autres films,avec des éléments personnels ,moins que dans les films suivants.Mais Visconti au moins aura essayé de comprendre comment le pays de Goethe et de Beethoven a pu vivre ainsi.     Mort à Venise - Édition Collector 2 DVD

Mann,écrivain favori de Visconti dont le La mort à Venise était réputé inadaptable,tout en suggestions d'ordre esthétique difficiles à imaginer(au sens propre).Visconti raccourcit son livre déjà bref. Aschenbach,compositeur célèbre mais qui doute et vieillit se repose à Venise.Il l'ignore encore mais il a deux rendez-vous avec la Perfection et avec la Mort.La splendeur androgyne de Tadzio,et sa complice l'épidémie de choléra auront raison de lui.Eternelle contradiction d'Eros et de Thanatos et dévoilement de Visconti lui-même,viellissant et bientôt malade.Aschenbach,arrivé sur la chaise-longue du bateau mourra sur la chaise-longue de la plage.Rien ne semble changer mais tout change.Bogarde dans une scène fabuleuse se mettra à rire au lieu de pleurer.Ce n'en est que plus poignant.Et puis tant de symboles:choléra/Grande Guerre,Aschenbach/La vieille Europe... 

Ludwig(Le Crépuscule des dieux) dans sa soif de beauté,d'absolu lui aussi se perdra car "Les dieux tombent en ruines et s'écroulent avec leurs rêves devant un destin plus fort qu'eux".Helmut Berger,qui fut  comme le vrai Tadzio de Visconti ,incarne l'Amant du clair de lune dont le romantisme et la quête de pureté ne trouveront leur plénitude que dans la mort,celle qui réussit à éloigner cette médiocrité honnie.Ni le pouvoir des Essenbeck,ni le statut d'artiste vénéré d'Aschenbach,ni le sceptre et la couronne de Louis II de Bavière n'empêcheront la nuit de tomber.   

Visconti,c'est tout cela et aussi les pêcheurs affamés de Sicile,les exilés ruraux de Milan,les amants diaboliques d'Ossessione,les gigolos de Senso.Mais le temps de la trilogie un aristocrate plutôt progressiste,une sorte de guépard,a embrassé le destin de l'homme et sa propre perte,et ceci dans le contexte de ce vieux continent qu'il aime tant,mort plusieurs fois à Venise,à Sarajevo,à Berlin et ailleurs.

15 octobre 2006

Ce dur à cuire de McCoy

  Agrandir la jaquette de Un linceul n'a pas de poches   Que j'aime les destins de ces écrivains américains pas sortis des salons de Time Square mais blanchis sous le harnais de la crise des années trente qui suivait la Grande Guerre.Ils sont nombreux.Après John O'Hara et W.R.Burnett voici Horace McCoy dont on connaît surtout On achève bien les chevaux, l'un des témoignages les plus terribles sur cette crise économique et morale majeure de l'entre-deux guerres.Ce marathon de la danse qui ramène l'homme à la pire bestialité me semble prémonitoire des dérives de la société spectacle d'aujourd'hui.

   McCoy,comme tout le monde a fait tous les métiers depuis le conflit en Europe au journalisme sportif en passant par le taxi avant de  se retrouver à Hollywood ou il fit un petit peu l'acteur et surtout le scénariste(Gentleman Jim,Les implacables).Il a en fait peu écrit et je crois avoir presque tout lu de ce vieil Horace.D'abord des nouvelles pour le Pulp magazine Black Mask cher à Tarantino qui existèrent en Livre de poche en deux tomes,Black Mask Stories et Les Rangers du ciel(ce dernier inspiré par ses mois dans le ciel de la France en guerre).Ces suspenses aériens et policiers,ou les deux à la fois,sont bien dans la tradition des Hard-boiled writers,aussi appelés Tough guys,des auteurs du terrain,fut-il d'aviation,habitués au grand air et aux boissons fortes.

    Adieu la vie,adieu l'amour(Kiss tomorrow goodbye) est l'histoire inéluctable d'un évadé assoiffé de pouvoir,un assassin qui rencontre sur sa route femmes fatales et notables véreux.Ce type de roman,devenu classique, est écrit avec verdeur et causticité,et misogynie bien sûr.Les gants d'une femme quand elle les ôte sont des armes terribles...Je n'ai jamis vu le film avec James Cagney,au titre français débile Le fauve en liberté mais à l'évidence le rouquin irlandais avait l'étoffe.

   La littérature selon McCoy n'est pas aseptisée ni tristement et politiquement correcte.Une fille y est souvent une garce et un établissement fréquenté par les homosexuels n'est pas pudiquement qualifié de bar gay.Dans On achève bien les chevaux prévaut cette même brutalité qui en fait le chef d'oeuvre que l'on connaît,tportrait des sans espoir de la Grande Crise dont parleront si bien aussi Dos Passos, Steinbeck, Dreiser.

  Un linceul n'a pas de poches est un réquisitoire violent et désespéré contre la soumission et la veulerie à commencer par celle des clubs sportifs,déjà.Autres titres Le scalpel,Pertes et fracas.Très longtemps incompris aux Etats-Unis McCoy doit sa célébrité essentiellement à Marcel Duhamel dont la Série Noire historique a contribué après-guerre à tant de découvertes littéraires majeures.

14 octobre 2006

Tard (retrouvé par hasard)

Tard

 

Tard, oui je le crains, dans ta vie et la mienne
Tard pour cet ultime quai
Mai est froid depuis des lustres
J'ai la jambe douloureuse d'avoir avancé
Par delà les décombres
En travers du chemin moins lumineux
Au fil du temps
Terme, si c'était le terme, si c'était la presque fin
J'aurais vécu, j'aurais voulu
Sourire davantage à ce qu'on m'a offert
Mais je n'ai jamais su
Que m'arranger au hasard des regards
Non je n'ai jamais su vraiment
Etre jusqu'au fond
Et j'ai tordu l'humain en moi
Cet enfant qui pleurait.

      

       (Printemps 2004)

 

14 octobre 2006

Une chanson:Summer in Siam

   Shane McGowan leader des Pogues et réputé pour sa tempérance et son dentiste ne semble plus donner de ses nouvelles.J'ai choisi Summer in Siam qui ne ressemble pas vraiment à la discographie des Pogues.

Extrait de l'album Hell's Ditch Summer in Siam délaisse pour une fois les harmonies et les boissons celtiques et nous entraîne dans les bas-fonds de l'Orient comme dans un film des années trente avec fumeries d'opium,prostituées et arts martiaux. Les cinéphiles penseront peut-être à Sternberg et à Shanghaï bien que ce soit un été en Thaïlande que chante McGowan auprès de qui Gainsbourg à l'air d'un premier communiant.La chanson est laconique et feutrée,le saxo plaintif  et le piano égrènent les états d'âme d'un personnage en déshérence et en exil au pays des paradis artificiels.Cet univers là n'est pas si loin de Joseph Kessel ou Lucien Bodart qui furent comme chacun sait des voyageurs "très sages".Qui a dit que Rien qu'une chanson n'évoquait que des vieilleries.Summer in Siam n'a que ...16ans.

http://www.youtube.com/watch?v=c6SreNgKpac Ecoutez cette misérable chanson indigne!

13 octobre 2006

O'Hara l'inconnu

Hier totalement inconnu de mes services(c'est à dire de moi) John O'Hara(1905-1970) serait l'alter ego des Dos Passos, Hemingway, Fitzgerald et autres que je révère.Pour une fois seul le hasard m'a fait choisir cet auteur à la bibliothèque locale:il était là en évidence et je l'ai pris après avoir lu le verso.

Une lueur de paradisUne lueur de paradis(Bernard Pascuito Ed.) est un livre bref qui ne s'embarrasse pas de scories.Courte histoire ayant pour cadre Hollywood le roman présente les apparences d'un thriller familial avec père prodigue revoyant ses enfants adultes et discussions qui tournent mal.Le narrateur,scénariste assez besogneux comme le furent tant d'écrivains majeurs dont O'Hara lui-même, se révèle vite impuissant à empêcher la fatalité. Je ne suis pas sûr que cet auteur soit si important.Il est néanmoins un tès habile trousseur de ce type d'histoires où la psychologie se réduit à quelques traits et où l'intérêt n'a pas le temps de faiblir.

   Mais le meilleur roman de John O'Hara est,dit-on,Rendez-vous à Samarra dont nous reparlerons plus tard.En piochant je viens d'apprendre qu'O'Hara avait en fait été adapté plusieurs fois avec La Vénus au vison,Du haut de la terrasse,10,rue Frederic ou La blonde et la rousse.Bon sang mais c'est bien sûr!

13 octobre 2006

L'Oscar du cinéma

Comment le cinéma pouvait-il traiter du procès d'Oscar Wilde en 1960?L'acteur réalisateur russo-américain Gregory Ratoff ouvre le film par un plan sur la tombe du père de Dorian Gray,sise au Père Lachaise et presque aussi fréquentée que celle de Jim Morrison.Mais en 1960 difficile d'entrer dans les détails de la vie privée d'Oscar.Cette production restera donc un film sage peu vu et surtout peu apprécié de la critique. J'ai un avis un peu différent. Certes nous naviguons en plein académisme et la satire de l'Angleterre victorienne est bien pâle.Certes le film est en fait un film-prétoire(genre en soi pas inintéressant mais terriblement théâtral).Vous me direz que le théâtre a été la vie d'Oscar Wilde,alors pourquoi pas.Cela manque singulièrement d'entrain mais de bons acteurs anglais très classiques,Robert Morley qui ne donne pas une image très glamour de l'écrivain,Ralph Richardson, font passer un bon moment comme une visite patrimoniale en la perfide Albion qui comprit si mal cet Irlandais.Une pièce de plus dans l'immémorial contentieux Londres-Dublin.

    Evidemment la vie d'Oscar Wilde est réduite à quelques souvenirs de jeunes valets pudiquement évoqués par l'accusation.Il faut bien remettre les choses en perspective et dans le contexte d'une époque.Et ceci est valable pour chaque film et il me semble que bien des critiques l'ignorent.Pourtant toujours bienséant Oscar Wilde fut interdit aux moins de 16ans.Que reste-t-il de ce film qui n'a rien d'un brûlot?Une curiosité qui inciterait à comparer avec Le procès d'Oscar Wilde(Ken Hughes,1960 également) ou le récent Oscar Wilde de Brian Gilbert avec Stephen Fry,acteur auteur qui lorgne manifestement vers la personnalité de l'original.

   De tout cela je conclurai que pour s'imprégner d'Oscar le mieux est encore de voir le merveilleux film d'Albert Lewin,Le portrait de Dorian Gray que j'ai chroniqué déjà.Et surout de relire La ballade de la geôle de Reading, ou son théâtre(Il importe d'être constant,L'éventail de Lady Wintermere) ou encore ses contes(Le fantôme de Canterville).La France a plutôt bien reçu Oscar Wilde,toujours irlandophile et aussi pour contrarier l'ennemi héréditaire d'outre-Manche

13 octobre 2006

La mort de Porthos

La mort de Porthos

                                            .

Un roc est resté sous les rochers de Belle-Ile

C’est le début de la fin du roman

Pour les brillants et invincibles bretteurs

De tant de cavalcades et de duels.

Quoi!Dumas tu ne les avais donc pas faits

Immortels mais vieillissants.

Porthos de truculence,et bonté faite homme

Qui repose à jamais sous les salins bretons

Le premier des quatre à rejoindre

D’autres banquets.

Le gentil géant dont la nature simple

Contrastait sur les âmes pensives

De ses frères mousquetaires

Adieu l’ami,merci pour ces années.

De la douleur d’un père s’éteint Athos

Qu’elle est loin Milady

Et l’Angleterre et la reine.

Ne restait qu’un vieillard brisé

Lui seul,des quatre,avait donné la vie

Mais qu’est la vie quand son propre sang

Se tarit avant soi

Dans un Orient de sable et de guerre

Si loin du domaine?

Quand un ciel noircit et dégénère

Comment ne pas comprendre

Le départ presque volontaire?

Le Gascon si fringant,comblé d’honneurs

Ne se reconnaissait plus

Les remparts hollandais

Cachent sa dépouille

D’Artagnan serviteur fidèle

Le fougueux provincial

Jusque dans sa mort aux boulets des Flandres

Repose parmi les soldats

Sa vraie famille est l’amitié

Des vivants et des morts.

Mais où est le temps des bravaches humiliés

Et des traîtres confondus?

Aramis vit,en proie à ses démons

Tout de sévérité

A-t-il ses comptes à rendre?

Laissons-le à ses doutes.

Amis je vous ai tant aimés

Comme j’aime ma jeunesse.

13 octobre 2006

Les diables de Tasmanie

Cet homme s'appelle Matthew Kneale et c'est l'auteur d'un roman génial qui convoque Stevenson, Conrad, Darwin, De Foe entre autres.Ceci est une introduction très quelconque car Kneale n'a besoin d'aucun parrainage.Il suffit de lire Les passagers anglais(Belfond,Presses Pocket) pour qu'éclate son talent de conteur et de moraliste.Le livre tient à la fois du conte des Lumières et de l'épopée à la Jules Verne.Mais assez de name dropping comme dirait Delerm.Plongez vous dans ce voyage au bout du monde d'un navire dont le capitaine convoie un jeune botaniste,un pasteur plutôt fondamentaliste comme on dit aujourd'hui,un médecin convaincu de supériorité.Ce voyage les mène en Tasmanie,cette île du sud de l'Australie où vivent des autochtones ce qui est bien leur droit.

    Que de questions à l'arrivée après les périls des océans sur la terre de Tasman pas trop hospitalière!Y trouve-t-on le Jardin d'Eden?Le racisme est-il justifié par les théories scientifiques très pointues sur la forme des crânes aborigènes?Les colons ont-ils des orteils?La contrebande a-t-elle un avenir entre Sydney et Hobart?Le diable de Tasmanie de nos dessins animés est-il porteur d'un virus?A dire vrai j'ai rajouté cette dernière question pour faire rigolo.Matthew Kneale a choisi pour son récit la forme d'un journal de bord tenu par de nombreux personnages et ceci vivifie encore le bouquin.

  Les Passagers anglais  Comme les Anglais sont privés de bien des choses mais pas d'humour Kneale aborde des choses sérieuses comme le progrès et la paix avec des moments drôles et assassins pour nos certitudes d'avant le Musée du Quai Branly.Jerome k.Jerome ou Redmond O'Hanlon sont eux aussi des voyageurs anglais qui avaient bien compris la grandeur à savoir parler des choses graves avec l'humour,cette politesse du désespoir(ça n'est pas de moi mais je revendique).

Publicité
<< < 1 2 3 4 5 > >>
BLOGART(LA COMTESSE)
Publicité
Archives
BLOGART(LA COMTESSE)
Newsletter
32 abonnés
Visiteurs
Depuis la création 369 747
Publicité